Codéine et troubles psychiques : brèves remarques

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De nombreuses personnes prennent des médicaments contenant de la codéine, surtout pour calmer des douleurs rebelles aux antalgiques courants. Ces médicaments peuvent toutefois interférer avec l’état psychique des patients ou avec leur prescription de psychotropes. Sur le site psyway, Serge Gauthier, psychiatre–psychanalyste, ancien responsable d’un service de soins psychiatriques, rappelle quelques éléments d’usage et de surveillance afin de prévenir notamment la survenue d’une accoutumance.

La codéine appartient à la famille des médicaments opioïdes, c’est-à-dire des substances de la même famille que l’opium. Ce sont des substances qu’il a fallu apprivoiser pour les utiliser en médecine. En effet, le risque est grand de passer de l’usage raisonné et sécurisé au mésusage et à l’usage risqué. Le tramadol, la morphine, font partie de la même famille de produits. D’autres produits de la famille des opioïdes sont plus puissants encore… et dangereux.

L’usage médical de la codéine

  • Les psychiatres ne sont pas prescripteurs de la codéine et des opioïdes, qui sont essentiellement des médicaments de la douleur physique (antalgiques). En médecine de ville, on utilise couramment de nombreux antalgiques et anti-inflammatoires associant la codéine à l’aspirine, au paracétamol, à l’ibuprofène. Certains médicaments contre la toux (antitussifs) contiennent également de la codéine. Mais cela concerne moins les psychiatres, car ce sont des prescriptions généralement de très courte durée. Le grand public connaît bien également le tramadol , dont les effets sont proches de ceux de la codéine.
  • Un patient peut prendre un médicament à base de codéine sans en informer son psychiatre. Cette occurrence doit être connue face à des recrudescences inexpliquées de symptômes psychiques. Ces symptômes psychiques peuvent en effet être liés à une surconsommation, à un sevrage brusque du produit codéiné, ou liés à des interactions du produit codéiné avec les médicaments psychotropes.

Les effets complexes de la codéine

  • La codéine est classée comme un dépresseur du système nerveux. Cela signifie qu’elle ralentit le système nerveux, y compris la vigilance, qui diminue ainsi que le rythme de la respiration
  • Ainsi, à faible dose ces effets sont utilisés en médecine (douleurs, toux)
  • En revanche, à plus forte dose, cela peut être nocif ou dangereux.
    • C’est le cas d’associations à certains médicaments, notamment les benzodiazépines, et à l’alcool (sédation, somnolence au volant).
    • La plus grande prudence s’impose également chez les personnes qui présentent une insuffisance respiratoire
  • Insistons sur trois effets particuliers de la codéine : l’euphorie, la détente, la sédation. Les utilisateurs éprouvent et connaissent rapidement, en plus de l’effet antalgique, ces effets apaisants de la codéine. Cet  apaisement est très appréciable, par exemple face à une douleur chronique très pénible, qui peut à la longue devenir désespérante. Mais l’euphorie et la sédation peuvent également entraîner une dépendance. Ainsi, la consommation d’un antalgique à base de codéine peut avoir tendance à se prolonger, au-delà souvent de ce que le médecin prescripteur aurait souhaité. Ce qui peut devenir dangereux.
  • On signale aussi, avec la codéine, des possibilités de rétention d’urines ou de constipation. On ne signale pas d’interférence remarquable avec les antidépresseurs ou les neuroleptiques en particulier, qui puissent entraîner également ce type d’effets indésirables.

La suite de cet article est à lire sur psyway.fr