« Il y a des clés pour aller bien » : un escape game incite les lycéens à devenir acteur de leur santé mentale

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Sensibiliser les adolescents aux problématiques de santé mentale via un escape game, telle est l’action conjointe menée à Nancy, par un établissement psychiatrique et un lycée. Le 31 janvier 2023, 185 élèves de seconde ont « joué » pour mieux identifier l’impact du mal être sur leur santé et savoir s’en protéger.

Le point de départ de ce projet à l’initiative du département de promotion de la santé et prévention du Centre psychothérapique de Nancy (CPN) était de mener une action de sensibilisation et de déstigmatisation sur la santé mentale en partenariat avec un établissement scolaire nancéien : l’ensemble scolaire Notre-Dame Saint Sigisbert.

Décrypter le code pour parvenir à ouvrir le cadenas…et comprendre les effets bénéfiques de la musique… crédit photo CPN

Démarré en janvier 2022, le groupe de travail a associé des professionnels de santé du CPN1, des professionnels de l’éducation2 et des élèves volontaires de 1ere3. Il s’agissait de construire un projet « sur mesure » pour des élèves de seconde, conjuguant informations sur la santé mentale et mesures préventives. Selon Géraldine Mortier, infirmière scolaire, « la finalité de ce projet était de sensibiliser les jeunes à l’importance d’être acteur de leur santé mentale« . Au fil des échanges, l’idée de proposer un « escape game » s’affine. Il s’agit alors d’élaborer le jeu et de proposer des énigmes en lien avec l’intitulé choisi : « Il y a des clés pour aller bien ». Une quinzaine de séances de travail et « quelques heures de bricolage, voire d’artisanat, pour chacun entre les séances car la plupart des éléments du jeu sont construits de façon artisanale », sont nécessaires pour finaliser l’escape game. Point de départ du jeu : un élève anonyme (représenté par un bonhomme en carton) présente un mal-être (nervosité, stress, maux de ventre, troubles alimentaires…) associé à des pensées négatives. Des maux liés à l’adolescence et à ses enjeux en termes de construction de l’identité, de réussite scolaire, d’orientation, de représentation sociale… Pour trouver les clés pour aller mieux, cinq axes sont abordés – la respiration, la musique, les activités (artistiques, sportives, multimédias), le lien social et les numéros utiles à connaître – au travers d’énigmes à résoudre.

Les « activités qui font du bien » et ses énigmes ludiques comme la reconstitution d’un puzzle. crédit photo CPN

Le mardi 31 janvier 2023, c’est le grand jour ! Les 185 élèves de seconde de l’Ensemble scolaire Notre Dame Saint Sigisbert sont invités à participer à l’escape game. Ils sont répartis dans 5 salles par groupes de 5 ou 6, avec 30 minutes maximum pour résoudre les énigmes et des « maîtres du jeu » présents pour garantir la bonne marche du jeu. « Ils ont joué tout au long de la journée, à tour de rôle, avec entrain et dans une très bonne ambiance » souligne Géraldine Mortier. A l’issue de cette journée, une assemblée générale en présence de tous, élèves et équipe de travail au complet, a permis « d’aller plus loin » et d’expliquer la finalité de cette action en décortiquant les différentes étapes du jeu. « Un bilan extrêmement positif et au-delà de nos espérances. Cet escape game a nécessité, certes, beaucoup de travail, mais nous avons été largement récompensés par l’accueil que les élèves ont fait à cette journée », explique Lydia Boukhetaia, responsable du département de promotion de la santé mentale et de prévention au CPN.

Géraldine Mortier a constaté l’effet rebond de ce jeu en accueillant dans les jours suivants à l’infirmerie plusieurs élèves venus se confier « sur des choses dont ils n’avaient pas osé parler jusque-là, ne mesurant pas les effets négatifs qu’elles pouvaient avoir sur leur santé mentale : harcèlement, addiction jeux vidéo, troubles du sommeil…« . La parole de ces adolescents ainsi libérée, ils peuvent affronter leurs angoisses, les partager tout en bénéficiant de ressources pour faire face et aller mieux.

Parallèlement et parce qu’il faut également former les professionnels de l’éducationvà ces problématiques de mal-être des adolescents, des journées de formation aux premiers secours en santé mentale leur ont été proposées par le CPN. « Une manière de montrer l’implication de la psychiatrie dans des actions de prévention et de promotion de la santé. Des missions d’accompagnement que nous avons à coeur de mener au sein du CPN et que nous souhaitons reproductibles« , conclut Lydia Boukhetaia.

Une énigme sous forme de puzzle à reconstruire à l’aide de trois indices… crédit photo CPN
  1. Béranger Simon, psychologue au CPN, Emma Populus, infirmière en service de pédopsychiatrie, Lydia Boukhetaia, responsable du département de promotion de la santé mentale et de prévention du CPN.
  2. Nadège Schmitt, responsable de vie scolaire, Stéphanie Luttenbacher, responsable pédagogique des secondes, Géraldine Mortier, infirmière scolaire, Ensemble scolaire Notre Dame Saint Sigisbert
  3. Alethéia, Anne, Gauthier, Lyly, Olivia et Romane, élèves de 1ère de l’Ensemble scolaire Notre Dame Saint Sigisbert.

Photo ouverture article crédit CPN

Présentation de cette action avec Géraldine Mortier, infirmière scolaire, Lydia Boukhetaia, Responsable Département de Promotion de la Santé Mentale et de Prévention – CPN, Anne et Romane, lycéenne, à écouter ici.

Bernadette Fabregas Gonguet, journaliste, rédaction santementale.fr