Après deux années de pause dans le recueil d’indicateurs de qualité et de sécurité des soins (IQSS) auprès des établissements de santé en raison de la pandémie de Covid-19, la Haute Autorité de santé (HAS) publie les résultats pour l’année 2022. Pour la première fois, des indicateurs ont été mesurés en psychiatrie concernant la prise en charge somatique des patients, jugée insuffisante.
En ce début d’année 2023, à la fois sous formes de rapports nationaux et sur QualiScope, la HAS présente les résultats de 30 indicateurs de qualité et de sécurité des soins au niveau national concernant quatre secteurs : médecine, chirurgie, obstétrique (MCO), soins de suite et de réadaptation (SSR), hospitalisation à domicile (HAD) et, pour la première fois, psychiatrie générale (PSY).
Développés avec les professionnels de santé et les patients et régulièrement actualisés, ces indicateurs permettent de mesurer la satisfaction et l’expérience du patient, et d’évaluer la qualité sur des points particuliers de la prise en charge clinique, de la coordination entre professionnels et de la prévention des infections associée aux soins, pour permettre à chaque établissement de santé de définir les actions d’amélioration nécessaires. Ces indicateurs, qui ne cernent pas aujourd’hui les problématiques d’accès aux soins, n’ont donc pas vocation à dresser un état des lieux exhaustif de la qualité du système hospitalier.
Des points de fragilité et des signaux faibles qui alertent sur un possible début de dégradation de la qualité des soins
De façon générale, et malgré l’engagement de chacun, certains résultats n’augmentent pas suffisamment, et pour certains se tassent depuis leur dernière mesure, effectuée pour la plupart d’entre eux il y a plus de deux ans. Recueillis sur un très grand nombre de dossiers, les indicateurs sont peu sensibles aux variations. Des régressions de faible ampleur peuvent donc être le signe de réelles évolutions, et ce d’autant que c’est la première fois qu’on en observe.
- Ainsi la qualité de l’évaluation et de la prise en charge de la douleur régresse pour la première fois en SSR (même si elle reste à haut niveau) . De même, en MCO, on compte une proportion légèrement plus grande d’établissements pour lesquels la survenue d’infections du site opératoire à la suite de la pose d’une prothèse totale de hanche ou de genou est plus importante qu’attendue compte-tenu du profil de risque des patients pris en charge. Et en HAD, l’indicateur mesurant la bonne évaluation du risque d’escarres chez les patients est lui aussi en baisse, tout en restant à haut niveau.
- Elément central de la coordination ville/hôpital, la transmission et la qualité de la lettre de liaison à la sortie de l’établissement s’améliorent. Néanmoins, les résultats restent très en deçà des objectifs dans tous les secteurs où l’indicateur est mesuré ; et en particulier en MCO, où seuls 31% des établissements atteignent un niveau satisfaisant, avec une faiblesse notable de la mention des traitements médicamenteux de sortie.
- Concernant la prévention des infections associées aux soins, la maîtrise de la diffusion des bactéries multi-résistantes aux antibiotiques et des microorganismes à haut potentiel de transmission croisée représente un véritable enjeu de santé publique. Pourtant, seuls 19 % des établissements atteignent un niveau satisfaisant pour l’indicateur « bonnes pratiques de précautions complémentaires contact » dans le secteur MCO, résultat principalement lié à un manque d’information des patients concernés.
et en psychiatrie…
Pour la première fois, des indicateurs ont été mesurés en psychiatrie (hospitalisation temps plein). Ils ciblent la prise en charge somatique des patients, essentielle mais trop souvent laissée de côté au profit de la seule prise en charge des troubles psychiatriques. Les résultats sont insuffisants dans ce secteur. Ils permettent aux équipes de disposer d’un point de repère pour situer leurs pratiques et identifier les marges d’amélioration, par exemple sur le repérage et la proposition d’aide à l’arrêt des addictions chez l’adulte, ou sur l’évaluation cardio-vasculaire et métabolique.
Dans l’ensemble, les résultats de la campagne 2022 des IQSS traduisent la mobilisation des équipes dès lors qu’un patient est hospitalisé et leur capacité à s’inscrire dans une dynamique d’amélioration continue des prises en charge. Néanmoins, des signaux faibles existent, qui doivent être pris en considération et surveillés. La HAS souhaite donc engager une réflexion avec ses partenaires institutionnels, sur de nouveaux outils de mesure permettant notamment d’évaluer le niveau de l’accès aux soins sur le territoire et d’accompagner la prise de décision des décideurs publics.
• La HAS publie les résultats 2022 des indicateurs de qualité des soins dans les établissements de santé, Communiqué de presse, 10 févr. 2023.
• Indicateurs de qualité et de sécurité des soins en établissements de santé – Campagnes, résultats et développements des indicateurs, HAS, 10 février 2023.