Hausse importante des troubles dépressifs chez les 18-25 ans après la crise sanitaire

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Si de précédentes recherches ont déjà pointé l’impact de la crise sanitaire en termes de troubles anxieux et dépressifs, le recul du Baromètre santé de Santé publique France, depuis 2005, permet d’objectiver une prévalence des épisodes dépressifs caractérisés (EDC) en hausse, en particulier chez les 18-25 ans.

En 2021, 12,5% des personnes entre 18 à 85 ans ont vécu un épisode dépressif caractérisé (EDC) au cours des 12 derniers mois. Chez les 18-75 ans, la prévalence est passée de 9,8% à 13,3% sur la période 2017-2021 (+3,5 points) mais c’est chez les 18-24 ans que la progression est la plus importante, avec une hausse de 9 points entre 2017 (11,7%) et 2021 (20,8%). Ces chiffres proviennent d’une étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, qui rend compte des évolutions récentes de la prévalence dépressive à partir du Baromètre de Santé publique France. En 2021, 24 514 personnes âgées de 18 à 85 ans ont été interrogées, à partir de la version courte du questionnaire Composite International Diagnostic Interview (CIDI-SF), développée par l’Organisation mondiale de la santé pour mesurer l’épisode dépressif caractérisé (EDC). Les chiffres ont été rapprochés des Baromètres santé 2005, 2010 et 2017 dont la méthodologie était comparable.

Ces résultats suggèrent, comme l’ont déjà pointé d’autres travaux, nationaux et internationaux, que l’émergence de la pandémie a accentué le fardeau lié aux troubles mentaux, et en particulier aux troubles dépressifs. Le « stress sans précédent causé par l’épidémie et les mesures de contrôle en découlant » sembleraient être des facteurs explicatifs majeurs. Selon les auteurs, « les restrictions qui ont pesé sur la capacité des gens à travailler et à maintenir une vie sociale, la solitude, la peur de l’infection pour soi-même et pour ses proches, le chagrin après le deuil et les difficultés financières » ont fortement pesé. Dans ce contexte, la vulnérabilité accrue des jeunes adultes tient à leur situation de vie (professionnelle/scolaire, familiale et financière) rendues plus précaires. Par ailleurs, les répercussions de la covid sont plus durables : « Ce que vous vivez entre 18 et 24 ans sont des choses qui ne se rattrapent pas a priori », explique E. du Roscoat, co-signataire de l’étude, parlant d’un « sentiment d’irréversibilité ».

Notons encore que les femmes, les personnes vivant seules et les familles monoparentales, tout comme celles qui ne se déclaraient pas à l’aise financièrement, au chômage ou indiquant un impact négatif du covid-19 sur leur moral, présentaient un risque d’épisode dépressif caractérisé plus élevé.

Par rapport à 2017, la prévalence de l’épisode dépressif majeur a aussi davantage augmenté en 2021 chez les personnes titulaires d’un bac ou équivalent (+4,4 points) que les titulaires d’un diplôme inférieur (+2,5 points). Elle a également davantage concerné les grosses agglomérations, notamment l’agglomération parisienne (+6,2 points vs +1,8 point en zones rurales).

Dans leur conclusion, les auteurs soulignent que si la tendance à la hausse était amorcée en France depuis 2005, celle observée « entre 2017 et 2021 est sans précédent ».

Prévalence des épisodes dépressifs en France chez les 18-85 ans : résultats du Baromètre santé 2021. Léon C, du Roscoät E, Beck F. Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), n°2, 14 février 2023, en pdf.