Métiers du care : entreprendre sans délai une restructuration pour stopper l’érosion

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Depuis plusieurs années, les métiers dits du care subissent une inexorable érosion de leurs effectifs jusqu’à atteindre aujourd’hui un état de quasi-rupture : on observe ainsi un déficit croissant de personnels, allant, dans certains cas, jusqu’à la pénurie. Cette situation est devenue très préoccupante pour ces métiers, avec des effets en cascade sur la détérioration actuelle et future de l’offre de soins proposée et de l’état de santé de la population. Une note* à l’initiative du think Tank Cercle Vulnérabilités et Société propose une analyse de la situation et des actions concrètes.

Cette note s’emploie à mettre en évidence et à analyser divers critères d’attractivité ou de désengagement, mais également à proposer une méthodologie d’approche de la question, très opératoire, reposant sur une équation exprimée en termes de stock et de flux, afin de permettre d’identifier les sources et filières de recrutement, et de faire face à la pénurie avec des réponses immédiates – s’agissant d’une situation critique – autant que dans l’anticipation – s’agissant de métiers nécessitant une formation acquise sur des parcours exprimés en années d’études. Elle vise naturellement à éclairer et nourrir les décideurs concernés, les pouvoirs publics et les travaux du Conseil National de la Refondation. Elle a été restituée le 7 décembre dernier à Agnès Firmin Le Bodo, Ministre déléguée auprès du Ministre de la Santé et de la Prévention, chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, en présence de Myriam El Khromri, Ancienne ministre, auteure du rapport pour une mobilisation nationale en faveur de l’attractivité des métiers du grand-âge, plusieurs parlementaires, et de nombreux décideurs privés, publics et associatifs.

PRENDRE SOIN DE CELLES ET CEUX QUI PRENNENT SOIN DE NOUS
"Dans une sorte de symétrie des attentions, il est temps que nous manifestions nous-mêmes de l’empathie et de la
bienveillance à l’égard de ces personnes dont nous attendons tant en leur donnant si peu. Une attention bien sûr, mais une attention de tous les instants, en repensant leurs conditions d’emploi et de rémunération, en leur donnant des perspectives de vie et de carrière, en leur offrant davantage de bien-être au quotidien, en les formant et en leur permettant d’innover eux-mêmes dans l’organisation de leur travail plutôt que de les enfermer dans une taylorisation infantilisante de leurs tâches. Bonne nouvelle, car il en est une : tous ces métiers sont non automatisables, non délocalisables et ils peuvent représenter jusqu’à 10% des emplois dans certaines zones rurales. Alors même que la vague démographique monte, ce sont en prime des métiers d’avenir. Il est temps d’agir en leur faveur pour que cette vague montante ne se transforme pas en tsunami." Myriam El Khromri

Pour les rapporteurs, « l’ensemble des premières actions identifiées ne sauraient être conduites de façon isolée, sauf à courir le risque de perdre en puissance et en impact. Dans cette optique, il semble qu’il y ait sur cette question la nécessité d’une mobilisation massive, concertée et transversale à la fois des pouvoirs publics, des territoires, mais aussi des corps constitués au sein de la filière du care« . À ce titre notamment, il semble donc plus que jamais nécessaire de :
– S’accorder sur une vision commune des métiers du care ;
– Densifier et rendre plus lisibles et flexibles les cursus de formation ;
– Repenser, libérer et faciliter l’exercice de ces métiers ;
– Engager les territoires dans une dynamique d’attractivité ;
– Capitaliser et diffuser les bonnes pratiques.

En conclusion, les auteurs de cette note l’affirment : « l’urgence de la situation oblige à poser des mesures aux effets immédiats (stopper l’hémorragie), mais aussi à oser entreprendre sans délai une restructuration profonde
du système global de l’offre (par-delà les sous-systèmes/secteurs existants) pour répondre, en responsabilité, aux évolutions démographiques et à leurs incidences sanitaires et sociales, qui étaient et demeurent totalement anticipables
« .

*Elle a été coconstruite avec plusieurs organisations membres du Cercle Vulnérabilités et Société : Adef Résidences, Appel Médical (Randstad), l’Arche en France, la FEHAP, France Alzheimer, l’Oeuvre Falret, la Croix-Rouge française,  Domitys, Vivre et Travailler Autrement, HandiEM, La Maison de Santé de Bordeaux Bagatelle, l’Hôpital Foch, La Caisse des dépôts, Alenvi, Ag2R La Mondiale, Maisons de famille, Vivre et Devenir et la Fondation Partage et Vie.

• Note de position – Décembre 2022 – « Soutenir et piloter l’attractivité des Métiers du care en fluidifiant les trajectoires et les organisations », Cercle Vulnérabilités et Société.