L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) souligne que les signalements d’hospitalisations et de décès liés à un surdosage en méthadone chez les usagers de drogues continuant de progresser, il est donc indispensable de rappeler les règles de bon usage de cet opioïde afin d’éviter ces surdosages.
Chlorhydrate de méthadone APHP et Méthadone AP-HP sont les médicaments à base de méthadone indiqués dans le traitement de substitution des pharmacodépendances majeures aux opioïdes, dans le cadre d’une prise en charge médicale, sociale et psychologique chez les adultes et les adolescents de plus de 15 ans. Leur utilisation croissante témoigne d’une amélioration de la prise en charge des usagers de drogues. Comme les autres traitements de substitution aux opioïdes, la méthadone contribue aussi à prévenir la transmission des infections virales (VIH, hépatite B et hépatite C).
Cependant, les risques connus et potentiellement mortels de surdosage et d’usage détourné associés à la méthadone ont conduit à mettre en place des conditions de prescription et de délivrance particulières pour les médicaments qui en contiennent, ainsi que des documents d’information destinés à réduire ces risques et une surveillance renforcée en addictovigilance par l’ANSM et son réseau (CEIP-A) depuis plus de 10 ans.
Le suivi national d’addictovigilance de la méthadone met en évidence une augmentation des hospitalisations et des décès liés à un surdosage en méthadone (3,4 décès pour 1000 usagers dans l’enquête DRAMES de 2020 vs 2,8 décès pour 1000 usagers dans celle de 2019). Ces cas de surdosages sont notamment liés à un ou plusieurs facteurs :
– augmentation de l’usage détourné de la méthadone;
– méconnaissance de la puissance pharmacologique de la méthadone ;
– méconnaissance de ses nombreuses interactions avec d’autres médicaments ;
– recours insuffisant à la naloxone, antidote pour le traitement d’urgence des surdosages.
Bien informer les patients est particulièrement important pour éviter des surdosages, en particulier :
– les patients qui ne consomment pas ou peu d’opioïdes (dose létale : 1 mg/kg) ;
– à l’initiation du traitement ;
– après un arrêt (même court) ou une diminution des doses.
Pour chaque prescription ou dispensation de méthadone, le professionnel de santé doit :
– rappeler les risques de surdosage et de décès ;
– rappeler les précautions d’emploi et de stockage ;
– remettre les documents d’information ;
– alerter sur les signes de surdosage ;
– expliquer comment réagir en cas de surdosage ou d’ingestion par une personne qui n’aurait pas dû prendre de méthadone ;
– prescrire ou proposer un kit de naloxone prête à l’emploi. La naloxone, antidote des surdosages aux opioïdes est disponible sous forme de kit prêt à l’emploi facilement utilisable par les usagers ou leur entourage en l’absence d’un professionnel de santé. Une administration répétée peut parfois être nécessaire.
L’ANSM rappelle en effet l’intérêt d’avoir systématiquement avec soi un kit de naloxone prête à l’emploi. En effet, administré rapidement, cet antidote permet de bloquer temporairement les effets d’une overdose à un opioïde tel que la méthadone, dans l’attente d’une prise en charge d’urgence par une structure médicale. Tout médecin peut en prescrire et toute pharmacie peut en délivrer, même sans ordonnance.
• Méthadone : les précautions à prendre pour éviter le surdosage, ANSM, 14 novembre 2022.