Une étude française publiée en septembre dernier dans la revue Nursing Open examine les caractéristiques des premières infirmières en pratique avancée en France et compare le modèle français aux standards internationaux. Les conclusions sont sans appel mais aussi sans surprise : « l’implantation de la pratique infirmière avancée en France se heurte à plusieurs obstacles. Des ajustements législatifs et de plus grandes incitations financières à la pratique semblent ainsi justifiés « .
Quel contexte ?
Des obstacles et des facilitateurs communs à leur intégration dans la prestation de soins de santé ont été identifiés à l’échelle internationale. En France, le cadre législatif a été mis en place en 2016, et les premiers diplômés sont entrés dans la vie active en 2019.
Quelles méthodes de recherche ?
Le modèle français a été examiné en comparaison avec le cadre conceptuel de Hamric et avec les directives et définitions du Conseil international des infirmières. Une enquête transversale a également été réalisée à l’aide de trois questionnaires en ligne auto-administrés. Deux ont été distribués aux finissants 2019 et 2020 et un troisième aux directeurs de programmes accrédités. Les caractéristiques des diplômés en soins infirmiers en pratique avancée ont été décrites et comparées en fonction du statut d’emploi et du domaine de pratique (soins primaires vs secondaires/tertiaires).
Quels résultats ?
Bien que le modèle français de pratique infirmière avancée réponde aux critères principaux et aux compétences de base de Hamric, il ne fait pas de distinction entre les rôles d’infirmière praticienne et d’infirmière clinicienne spécialisée. Sur les 320 étudiants inscrits à l’un des 11 programmes de formation agréés, 165 ont participé au sondage. L’âge moyen était de 40 ans et l’expérience antérieure moyenne en soins infirmiers était de 15 ans. En février 2021, 30 % des répondants travaillaient toujours comme infirmiers autorisés. Les obstacles à la pratique comprenaient une génération de revenus insuffisante (soins primaires), le manque de création de postes (soins secondaires/tertiaires), le processus d’orientation des patients dépendant d’un médecin et les retards dans l’approbation des justificatifs d’ordonnance.
Quelles conclusions ?
L’implantation de la pratique infirmière avancée en France se heurte à plusieurs obstacles. Des ajustements législatifs et de plus grandes incitations financières à la pratique semblent justifiés.
Quelle pertinence pour la pratique clinique ?
Comme dans d’autres pays, la France a introduit la pratique infirmière avancée pour répondre au défi de santé publique d’améliorer l’accès à des soins de santé de qualité dans un contexte d’augmentation de la prévalence des maladies chroniques et d’allocation limitée des ressources. Faciliter son intégration dans le paysage de l’offre de soins apparaît primordial.
Quelle valeur-ajoutée pour cette recherche ? • Un premier état des lieux de l'implantation de la pratique infirmière avancée en France, 2 ans après l'entrée dans la vie active des premiers diplômés. • Une première analyse du modèle français de pratique infirmière avancée, qui ne différencie pas les infirmières praticiennes des infirmières cliniciennes spécialisées. • Plusieurs obstacles et facilitateurs à sa mise en œuvre ont été identifiés : génération de revenus insuffisante, processus d'aiguillage des patients dépendant d'un médecin, manque de postes créés et problèmes administratifs.
• Implantation des soins infirmiers de pratique avancée en France : Une enquête nationale 2 ans après son introduction – Julie Devictor 1, Espérie Burnet 2, Tatiana Henriot 3, Anne Leclercq 4, Nathalie Ganne-Carrie 5, Kelley Kilpatrick 6, Ljiljana Jovic sept, 27 septembre 2022, Nursing Open. Cette étude a été financée par une bourse doctorale du Programme d’offre de Formation Doctorat-Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
Bbliographie
• Aguilard, S., Colson, S., & Inthavong, K. (2017). Stratégies d’implantation d’un infirmier de pratique avancée en milieu hospitalier : Une revue de littérature. Santé Publique, 29(2), 241-254.
• Andregård, A.-C., & Jangland, E. (2015). Le parcours tortueux de l’introduction de l’infirmière praticienne comme nouveau membre de l’équipe soignante : une méta-synthèse. Journal scandinave des sciences caring, 29(1), 3-14.
• Anguis, M., Bergeat, M. et Pisarik, J. (2021). Quelle démographie récente et à venir pour les professions médicales et pharmaceutiques ? (N°76 ; Les Dossiers de la Drees, p. 74). DRESS (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques).
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• Bryant-Lukosius, D., DiCenso, A., Browne, G. et Pinelli, J. (2004). Rôles des soins infirmiers en pratique avancée : développement, mise en œuvre et évaluation. Journal des soins infirmiers avancés, 48(5), 519-529.
