Dans cette unité d’hospitalisation aiguë, le déploiement d’un espace d’apaisement original participe à la prévention primaire de la crise.
Depuis 2021, une unité d’hospitalisation aiguë du secteur Ménilmontant, dans le 20e arrondissement de Paris (GHU Paris psychiatrie et neurosciences), expérimente un espace d’apaisement, fruit d’une collaboration étroite avec le Laboratoire d’accueil et d’hospitalité (lab-ah) du GHU et avec la participation active des usagers. Cet espace d’environ 10m2 vise à améliorer la prise en charge des états émotionnels aigus. La notion d’apaisement s’incarne ici d’un point de vue esthétique et sensoriel, se traduisant par une attention portée à l’ambiance et au confort : mobilier agréable mais aussi objets à disposition (tableau noir pour s’exprimer, matériel d’écoute musicale et d’automassage, couvertures lestées).
L’évaluation du projet prend la forme d’une recherche-action combinant entretiens qualitatifs, focus groups et observation directe (feuilles de bord), ce qui a rapidement permis de mettre en avant une appropriation imprévue de l’espace par les usagers. En effet, initialement, le dispositif a été envisagé dans une perspective de prévention secondaire de la crise (désamorçage), mais on observe que les utilisateurs s’en saisissent davantage en situation de dysphorie diffuse, voire pour des motifs positifs (entretenir le bien-être), soit une utilisation bien en amont des premières manifestations anxieuses. À l’entretien, les motivations explicites des patients ne font aucunement référence au champ thérapeutique. Ces résultats invitent à re-conceptualiser le périmètre de la prévention et à adapter les modalités d’évaluation aux usagers effectifs de cet espace. Il reste à objectiver une éventuelle réduction indirecte du recours aux mesures d’isolement dans l’unité au moyen d’une étude épidémiologique quantitative.
D’autres pôles du GHU se situent à divers stades de conception et de mise en place d’espaces similaires, qui seront nécessairement marqués par des différences contextuelles (projet d’unité, culture et pratiques de service). Des partages d’expérience alimenteront les questionnements permanents de tous les professionnels concernés, avec pour perspective de dégager un socle commun aux espaces d’apaisement déployés à l’échelle de l’institution.
Contact : Etienne Bertrand, infirmier, E.BERTRAND@ghu-paris.fr, Image © lab-ah/GHU Paris psychiatrie & neurosciences