Etablissement emblématique de la psychothérapie institutionnelle, la Clinique de La Chesnaie à Chailles, dans le Loir-et-Cher, était en attente d’un « repreneur ». Elle s’apprête à vivre aujourd’hui un tournant avec, en vue de sa cession, une entrée en négociations exclusives avec la fondation L’Elan retrouvé, acteur francilien du secteur privé à but non lucratif. Le collectif Les amis de la Chesnaie qui proposait de son côté une « reprise » sous forme de coopérative n’aura pas eu gain de cause.
Fer de lance de la psychothérapie institutionnelle
Pour rappel, la Clinique de la Chesnaie est une clinique psychiatrique, en milieu ouvert, accueillant une centaine d’hommes et femmes de tous âges, venant du Loir-et-Cher et de la Région Centre, aussi bien que des centres urbains de l’ensemble du territoire ou d’autres pays francophones. L’institution prend en charge des patients souffrant de troubles mentaux aigus ou chroniques nécessitant des soins intensifs, parfois de longue durée, le cas échéant. Les traitements biologiques et physiques classiques sont associés à un travail psychothérapique, individuel, ou en groupe dans un environnement stimulant, (vie associative, contrats d’activité, ateliers de production et d’expression). Les soins sont assurés par une équipe de moniteurs ayant à la fois une pratique de soignants et des expériences professionnelles variées et complémentaires.
Immersion dans La Chesnaie, la clinique psychiatrique alternative
Une mise en concurrence pour la reprise de l’établissement
Le directeur de cet établissement cherchait depuis plusieurs mois un « repreneur » pour perpétuer l’esprit « unique » de l’institution et préserver son organisation originale. En août dernier, on pouvait lire dans le journal Libération que le projet de coopérative regroupé en collectif des Amis de la Chesnaie, soutenu par 80% de l’équipe soignante et médicale, « était en concurrence dans un appel d’offres face à des groupes, associations ou fondations qui ne pratiquent pas les méthodes issues du mouvement de la psychothérapie institutionnelle« . L’équipe soignante refusait en effet tout repreneur extérieur. Pour le Collectif, « cette reprise sous forme de coopérative permettrait de préserver le sens que les soignants mettent dans leur travail et d’offrir à la clinique des possibilités financières rassurantes pour engager des travaux de rénovation et recruter de nouveaux personnels dans les prochaines années. L’équipe médicale actuelle soutenait le projet et serait renforcée si la coopérative voyait le jour« . L’annonce le 7 septembre dernier par la direction de la clinique et la fondation L’Elan retrouvé de leur entrée « en négociations exclusives » a été accueillie « avec amertume » par le Collectif.
Une initiative « profitable aux deux institutions.«
De son côté, la direction générale de la Fondation L’Elan retrouvé affirme dans un communiqué conjoint avec l’institution, que « cette reprise s’inscrit dans le souhait commun de nos deux institutions de faire vivre le mouvement de psychothérapie institutionnelle » que cela soit en termes de valeurs, d’expérience de la population accueillie, de climat social et d’attractivité, mais aussi de formation. « La reprise de la clinique de Chesnaie s’inscrit, pour la Fondation, dans la défense de la psychothérapie institutionnelle et des pratiques de soin qui y sont rattachées, renforçant ainsi sa propre démarche, et dans le cadre d’un climat social serein avec la reprise intégrale des effectifs et le respect du projet médical d’établissement. Tout cela, pour continuer à accueillir et soigner au mieux les patients fragilisés par la sévérité de leurs troubles. » Et de conclure en affirmant que cette initiative « sera profitable aux deux institutions.«