En matière de nutrition-santé, l’action publique « doit encore se structurer et se renforcer », tandis que du côté de l’organisation des soins, les réseaux existants devraient se coordonner davantage. Observant que l’obésité reste une problématique insuffisamment traitée, ce rapport du Sénat liste 19 propositions.
La pandémie de covid-19 ne doit pas en faire oublier une autre : le surpoids et l’obésité, qui figurent parmi les premières comorbidités associées au virus. En 2016, près de 2 milliards d’adultes (39 pourcents) étaient en surpoids et, sur ce total, plus de 650 millions étaient obèses, soit 13 pourcents de la population mondiale.
La situation de la France reste plus rassurante en matière de surcharge pondérale que celle de certains de ses voisins mais n’en demeure pas moins préoccupante : un adulte sur deux est en surpoids, et 17 pourcents sont obèses, ce qui est à peu près stable sur la période récente, mais en augmentation depuis vingt ans. Ces chiffres globaux dissimulent une grande hétérogénéité sociale et géographique, et qui s’accroît.
L’action publique en matière de nutrition-santé doit encore se structurer et se renforcer. Les rapporteures estiment surtout indispensable de rééquilibrer les efforts : en promouvant des préférences favorables à la santé et en réunissant pour les individus les conditions d’un environnement plus sain, plutôt qu’en misant sur leur responsabilisation.
Les recommandations formulées par le rapport suivent ce fil conducteur : éduquer précocement à l’alimentation et à la cuisine, encadrer strictement la publicité visant les enfants à la télévision ainsi que le marketing agressif en faveur d’aliments trop gras ou trop sucrés, faire évoluer l’algorithme et l’affichage du Nutri-Score pour mieux prendre en compte les aliments ultra-transformés, réguler l’installation des nouveaux restaurants de restauration rapide (« fast foods ») à proximité des écoles, collèges et lycées, mais aussi mieux prendre en charge les personnes.
Les Sénateurs soulignent leurs principales recommandations et les services publics concernés – Recommandation n° 2 : financer de nouveaux travaux de recherche en précisant les axes de l’ANR ou du PHRC, notamment pour évaluer les liens entre la consommation d’aliments ultra-transformés et l’obésité. (Ministère chargé de la santé, Santé publique France) – Recommandation n° 7 : confier à l’éducation nationale la conception d’un module de formation obligatoire au goût et à la pratique de la cuisine dès l’école primaire. (Ministère chargé de l’éducation nationale) – Recommandation n° 9 : interdire tous dispositifs marketing ludiques visant à capter l’attention des enfants (jeux, concours, mascottes), conformément aux recommandations du HCSP. (Parlement, Gouvernement) – Recommandation n° 10 : faire évoluer l’algorithme et l’affichage du Nutriscore pour mieux prendre en compte les aliments ultra-transformés. (Santé Publique France, comité de pilotage européen du Nutri-score) – Recommandation n° 11 : expérimenter la distribution de chèques alimentation ciblés sur les ménages les plus précaires. (Parlement, Gouvernement) – Recommandation n° 12 : réglementer les teneurs en nutriments (sucres ajoutés, acides gras saturés et sel) de produits ciblés en raison de leur rôle dans le dépassement des apports recommandés et selon la marge de manœuvre possible. (Parlement, Gouvernement) – Recommandation n° 13 : interdire, sur l’exemple anglais, les promotions commerciales en grande distribution sur une liste de produits trop sucrés, salés ou gras ainsi que les stratégies marketing incitant à leur achat (emplacements délibérés dans les magasins). (Parlement, Gouvernement) – Recommandation n° 17 : réguler l’installation des nouveaux restaurants de restauration rapide (« fast-foods ») à proximité des écoles, collèges et lycées. (Parlement) – Recommandation n° 19 : rendre accessible l’activité physique et sportive sur tout le territoire par des engagements au sein des contrats locaux de santé (horaires d’ouverture des équipements élargis, aides financières pour les licences sportives, etc.). (Collectivités territoriales, agences régionales de santé)
• Rapport d’information n°744, Sénat, Chantal DESEYNE, Brigitte DEVÉSA et Michelle MEUNIER, juin 2022, en pdf