Data pathologies, nouvelle plateforme en open data lancé par l’Assurance Maladie le 20 juin dernier, permet de répondre à des questions comme : quels sont les effectifs de patients pris en charge pour ces différentes pathologies ? Comment évolue la prévalence ? Comment l’effectif est-il réparti sur le territoire français ? Quelles sont les dépenses remboursées affectées à chacune des pathologies identifiées ? La place, prépondérante, des maladies chroniques se confirme et la santé mentale représente à elle-seule 23,3 milliards d’euros, soit près de 14 % des dépenses totales si l’on regroupe les « maladies psychiatriques » et l’ensemble des « traitements chroniques par psychotropes ».
L’Assurance Maladie poursuit ainsi sa démarche d’ouverture en matière de données de santé. Data Pathologies met ainsi à la disposition de tous les acteurs de la santé et du grand public les données sur la prise en charge des pathologies des Français, analysées chaque année sous la forme d’une cartographie médicalisée des dépenses.
« En 2020, ce sont les données de 66,3 millions de personnes qui ont été agrégées, représentant un montant global de dépenses de 168 milliards d’euros. Au total, plus d’1,5 milliard de feuilles de soins sont passées au crible par les experts de la Cnam pour rendre ainsi exploitables ces données ».
Plus accessibles, les données de la cartographie sont désormais plus lisibles et plus compréhensibles grâce au recours à la data visualisation : les informations sont désormais présentées sous la forme d’infographies interactives, à la fois pour 2020 et sur cinq ans (entre 2015 et 2020), pour en montrer l’évolution. Deux entrées principales facilitent la navigation : la première, par pathologies, rassemble 57 pathologies, traitements chroniques et épisodes de soins (diabète, syndrome coronaire aigu, insuffisance cardiaque, cancer, maternité…). La seconde entrée par territoire permet d’avoir une vision régionale et départementale et de faire des comparaisons entre territoires ou par rapport à la situation nationale. Le site permet aussi d’effectuer des recherches par critère : prévalence, effectifs, dépenses, âge, sexe… Enfin, Data pathologies présente de nouvelles données sur les patients hospitalisés pour Covid-19.
La place prépondérante des maladies chroniques à nouveau confirmée
L’un des enseignements clés est la confirmation des tendances de moyen terme déjà observées, si l’on fait abstraction du fort impact de l’épidémie de Covid-19. Ainsi, les pathologies et traitements chroniques représentent les 2/3 (62 %) des dépenses (soit 104 milliards d’euros) pour 1/3 des assurés (36 %), soit 24 millions de personnes. Celles-ci représentent un coût moyen par patient de 4 300 euros en 2020.
La santé mentale, les cancers et les maladies cardiovasculaires concentrent à elles-seules 36 % des dépenses. S’agissant de la santé mentale, elle représente à elle-seule 23,3 milliards d’euros, soit près de 14 % des dépenses totales si l’on regroupe les « maladies psychiatriques » et l’ensemble des « traitements chroniques par psychotropes ». Le coût moyen est de 2 800 euros par personne. À l’opposé, 56 % de la population, soit plus d’un assuré sur deux, a reçu uniquement des soins qualifiés de « courants ». Depuis 2015, la dépense totale de la consommation de soins remboursés de l’ensemble des régimes a augmenté de 15,7 milliards d’euros (soit +10,3 % en cinq ans, +2,0 % par an en moyenne).

Est entendu pour « pathologies psychiatriques » un groupe qui comprend les troubles psychotiques (dont la schizophrénie), les troubles névrotiques et de l’humeur (dont les troubles bipolaires et la dépression), la déficience mentale, les troubles addictifs, les troubles psychiatriques débutant dans l’enfance et l’ensemble des autres troubles psychiatriques (de la personnalité ou du comportement). Concernant les traitements psychotropes, il s’agit de personnes prenant régulièrement des traitements antidépresseurs et régulateurs de l’humeur, des neuroleptiques, des anxiolytiques et/ ou hypnotiques (mais qui n’ont pas de diagnostic psychiatrique repérable dans le SNDS – via une hospitalisation ou une affection de longue durée (ALD) récentes – et qui ne sont donc pas incluses dans la catégorie des pathologies psychiatriques).
La santé mentale représente à elle seule 23,3 milliards d’euros, soit près de 14 % des dépenses totales si l’on regroupe les « maladies psychiatriques » et l’ensemble des « traitements chroniques par psychotropes ». Ce sont plus de 8,4 millions de personnes qui ont été prises en charge pour une pathologie ou un traitement chronique en lien avec la santé mentale.

Des évolutions profondes de l’organisation des soins
Au-delà des impacts – spécifiques à l’année 2020 – de l’épidémie de Covid-19, on observe un certain nombre de tendances entre 2015 et 2020, souvent propres à chaque pathologie. Ainsi, la cartographie témoigne d’évolutions profondes de l’organisation des soins, comme le virage ambulatoire de certaines prises en charge. Ce virage se traduit par la progression des dépenses en ville et la baisse de la part de l’hôpital, à mesure que les prises en charge basculent en médecine de ville ou sur des modes d’hospitalisation de jour, y compris pour des pathologies lourdes. Par exemple, c’est le cas des cancers actifs, sous l’effet d’un recours croissant aux thérapies orales, qui permet de limiter le recours à l’hospitalisation complète au profit de l’hospitalisation de jour et qui voit les dépenses de consultations hospitalières, de spécialités médicales et de soins infirmiers et de médicaments délivrés en ville augmenter.

Les traitements psychotropes : une hausse du nombre de patients concernés
Les dépenses affectées aux patients repérés par une prise chronique de traitements psychotropes (au moins 3 délivrances dans l’année) ont augmenté de 6,2 % en 2020, alors que les années précédentes, cette hausse ne dépassait pas 1,3 %. Or, la dépense moyenne n’évolue pas sur la période, contrairement aux effectifs qui augmentent de 2,3 % en 2020 alors qu’ils diminuaient de plus de 2 % les années précédentes. Cette augmentation s’explique ici par une forte augmentation des effectifs de nouveaux patients en 2020, en rupture avec les baisses d’effectifs enregistrées jusqu’en 2019. Cette augmentation résulte du recours accru aux anxiolytiques et, dans une moindre mesure, aux hypnotiques pendant et autour des périodes de confinement. Ces résultats sont cohérents avec la littérature déjà existante sur les effets de la pandémie de Covid-19 sur le recours aux soins en 2020.

• Data pathologies, une cartographie interactive des pathologies et dépenses de santé de 2015 à 2020 – L’Assurance maladie, juin 2022.