Les métiers de l’action sociale et éducative traversent une crise profonde, qui va bien au-delà de leur manque d’attractivité et impacte la société tout entière. Dans cet avis, le Conseil économique, social et environnement (Cese) apporte 20 préconisations pour revaloriser et redonner du sens à ces métiers.
La crise sanitaire de la covid a vu se multiplier les alertes sur un déficit d’attractivité des métiers de l’action sociale et éducative. Si l’attention a beaucoup porté sur les professionnels de santé, ces professions ont aussi été mobilisées, sans que leur travail soit reconnu à la même valeur. Pourtant, ces acteurs sont indispensables. Pointant que « près de 2 personnes sur 3 vit avec au moins une forme de vulnérabilité (… ) et que chaque personne reçoit au moins une fois dans sa vie le soutien de ces professionnels afin de jouir pleinement de ses droits », le Cese estime que « le manque de professionnels empêche concrètement de construire une société accueillante pour les plus vulnérables. »
Dans cet avis, le Cese explore les raisons structurelles de la situation actuelle et les pistes d’amélioration à court et long termes à lui apporter afin « d’éviter une dégradation encore plus grande ». 5 000 professionnels y ont contribué via une
plateforme participative et 50 d’entre eux ont participé à la journée délibérative organisée. Par ailleurs 150 acteurs de terrain ont été reçus en audition par la Commission travail et emploi, qui a également effectué 3 déplacements de terrain. Il ressort que ces métiers, « exigeants et difficiles (…), épuisant psychiquement », sont mal connus et que, malgré leur nombre important, ils traversent une crise de sens, un déficit d’attractivité et mais aussi une dégradation de leurs conditions de travail. Dans ce contexte, des mesures doivent être prises sur trois axes : répondre à la pénurie et au malaise du secteur en rendant les métiers plus attractifs ; redonner la priorité au sens du travail par de meilleures conditions de travail ; anticiper l’évolution des activités et renforcer la formation continue.
20 pistes d'action – revaloriser les salaires tant dans le secteur privé que public ; – abroger les dispositions permettant la non-opposabilité des conventions collectives ; – lancer une campagne de recrutements et de formations en alternance ; – renforcer la capacité d'alerte des espaces de concertation et des comités sociaux et économiques (CSE) : – soutenir une communication sur le sens et l'éthique des métiers du social ; – mieux prendre en compte le temps d'accompagnement en supprimant toute limitation restrictive ; – élaborer et renforcer des ratios de personnels ; – considérer tous les temps de travail (réflexivité, concertation…) comme productifs ; – associer les familles et les usagers au fonctionnement des accueils collectifs de mineurs (ACM) et des structures d'animation de la vie locale ; – développer le dialogue social et les espaces de concertation ; – soutenir la représentation professionnelle à la gouvernance dans les associations ; – transformer la culture de l'évaluation ; – simplifier les modes de financement pour les opérateurs ; – réinventer la contractualisation pour les opérateurs ; – adopter une loi de programmation pluriannuelle ; – défendre un pilotage décloisonné pour une stratégie d'investissement social ; – développer des instruments de connaissance et d'expérimentation ; – renforcer le rôle du Haut Conseil du travail social (HCTS) et de ses déclinaisons locales ; – actualiser et harmoniser les référentiels de certification et de formation ; – investir dans la formation continue.
• Les métiers de la cohésion sociale, Rapport et avis du Cese, juillet 2022, en pdf.