De l’urgence de faire évoluer la profession infirmière dans l’intérêt des patients

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Cette consultation initiée par l’Ordre National des Infirmiers (ONI) plonge dans le quotidien des infirmiers, sur leur territoire d’exercice, à l’heure où les inquiétudes concernant la permanence des soins sont particulièrement aigues du fait du manque d’infirmiers, notamment à l’hôpital. En identifiant les principaux motifs d’inquiétude relayés par leurs patients, en jetant un coup de projecteur sur leur perception des besoins en santé non couverts, les infirmiers dressent un constat d’urgence sur l’avenir de notre système de santé. Acteurs de santé de proximité, garants du lien social, ils déplorent cependant toujours un manque de reconnaissance de leurs compétences, et appellent à une réforme d’urgence dont une majorité estiment qu’elle ne saurait être différée.

L’Ordre National des Infirmiers a lancé une nouvelle consultation auprès de la profession infirmière, alors que les difficultés de recrutement, et surtout l’hémorragie d’infirmiers, sont de plus en plus aigües. Les infirmiers sont interrogés* sur le regard qu’ils portent sur l’offre de soins sur leur territoire, mais aussi sur leurs conditions d’exercice au quotidien et sur les solutions concrètes pour réformer le système de santé et favoriser l’accès aux soins pour tous les patients.

« Alors que la France est confrontée à une pénurie d’infirmiers, ceux-ci sont perçus comme des acteurs de santé de proximité indispensables, mais en manque de reconnaissance et avec des conditions d’exercice difficiles. »

Dans tous les territoires, un système d’accès aux soins qui est une source d’inquiétude et d’inégalités pour les infirmiers, comme pour les patients. 68% des infirmiers considèrent en effet qu’il n’existe pas d’égalité d’accès aux soins sur leur territoire d’exercice et 96% que les délais d’attente pour obtenir des rendez-vous avec les professionnels de santé sont longs. 75% d’entre eux jugent que l’accès aux services d’urgence est restreint, voire difficile.

Dans ce contexte de difficultés d’accès aux soins, le rôle des infirmiers paraît essentiel :
▪ 97% pensent qu’ils sont des acteurs essentiels du maintien à domicile ;
▪ 74% pensent que la démarche « d’aller vers » les patients les plus âgées ou isolés répond aux enjeux de santé de leur territoire ;
▪ 71% estiment qu’en exerçant leur métier, ils renforcent le lien social sur leur territoire d’exercice.

Interrogés sur les principaux motifs de préoccupation de leurs patients, les infirmiers citent en premier « la difficulté d’accès à un établissement de soins et aux professionnels de santé » (77%).

Si les infirmiers sont perçus comme des acteurs de santé de proximité indispensables, ils sont en manque de reconnaissance et leurs conditions d’exercice sont difficiles sont devenues « plus difficiles que par le passé » (88% des répondants). 71% jugent qu’ils ne peuvent pas consacrer suffisamment de temps à chacun de leur patient, 68% se déclarent insatisfaits de la coopération entre les professionnels de santé sur leur territoire d’exercice. Enfin, 61% ne sont pas satisfaits de l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle.

« 86% des infirmiers estiment qu’il n’y a pas assez d’infirmiers dans les instances de gouvernance des établissements de santé. »

De la nécessité de renforcer le rôle des infirmiers sur leur territoire d’exercice, dans l’intérêt immédiat des patients. 
Parmi les solutions proposées, plusieurs sont très largement soutenues par les infirmiers et considérées comme prioritaires pour améliorer le système de santé dans leur territoire :
▪ 80% des infirmiers jugent prioritaire l’application de ratios infirmiers par patient, de jour comme de nuit, en établissements ainsi qu’une meilleure prise en compte de la parole et
du vécu des usagers dans leurs parcours de soins (80%) ;
▪ Un infirmier sur deux (51%) considère qu’il faut orienter l’exercice du métier d’infirmier vers une plus forte responsabilité populationnelle et redéfinir le rôle et la place des
Agences régionales de Santé (50%). 
▪ 97% pensent qu’il faut impliquer davantage les infirmiers dans le déploiement des politiques de santé publique et 92% sont favorables au développement des compétences
infirmières en matière de lutte contre les addictions.

« En matière de pratique avancée, une très large majorité des infirmiers souhaitent la création de nouvelles mentions dans le domaine du vieillissement et de la fin de vie (97%), des déterminants de santé (89%), et des problématiques de santé liées à l’environnement (87%). »

La révision du décret-socle infirmier annoncée pour l’automne par le ministre des solidarités et de la santé sortant Olivier Véran, apparaît comme une opportunité pour réformer la profession en profondeur. 94 % des infirmiers jugent urgent de l’adapter à la réalité de leur exercice aujourd’hui et 86% pensent qu’il faut favoriser la reconnaissance et le renforcement des soins relationnels effectués par l’infirmier. Le souhait est également de conférer davantage de responsabilités aux infirmiers en matière de prévention et d’éducation thérapeutique, sans prescription médicale (70%), mais aussi davantage d’autonomie : développer la consultation infirmière sans prescription médicale (60%), permettre l’accès direct des patients aux infirmiers en ville et en établissement (59%), autoriser la prescription des actes simples (58%).

« Conférer aux infirmiers la mission de coordination du parcours patient, favorisant son orientation dans le système de soins est une priorité pour un infirmier sur deux. Une préconisation de l’Ordre qui recommande la création d’un infirmier référent. »

Selon le Président de l’ONI : « La priorité est claire : le décret infirmier doit être révisé pour conférer plus d’autonomie à la profession, dans l’intérêt des patients et des soignants. Le dossier est sur la table de la nouvelle ministre de la Santé. L’Ordre national des infirmiers est au travail pour faire avancer cette réforme, qui doit être à la hauteur des attentes et des enjeux ».

  • 40 812 infirmiers ont répondu à cette consultation réalisée par internet du 13 au 30 mai 2022 auprès
    de l’ensemble des infirmiers inscrits au tableau de l’Ordre.

Communiqué de presse de l‘ONI, 1er juin 2022.