Des parcours de soin adaptés pour éloigner les usagers de crack de leur région

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Une instruction en date du 19 avril dernier détaille la mise en place d’un dispositif d’orientation et d’accueil des usagers de crack en structures de soins addictologiques résidentiels entre régions. Il s’agit de proposer un parcours de soins adapté à des usagers volontaires pour un éloignement et une rupture avec leur lieu de consommation.

Les usages du crack constituent un phénomène identifié en France depuis une trentaine d’années, dont le développement s’est accentué depuis plus de dix ans, dans un contexte de forte disponibilité et diffusion de la cocaïne poudre. Le phénomène est fortement ancré dans le nord-est de Paris et sa proche banlieue en Seine-Saint-Denis, marqués par la présence du seul marché de crack organisé de métropole, la persistance de scènes ouvertes de consommation, une population d’usagers en situation d’extrême vulnérabilité sociale. Deux « plans crack » mis en place à Paris en 2005 puis 2019 ont permis le déblocage de différentes mesures de soins, de réduction des risques et de mise à l’abri et d’hébergement, avec pour certains usagers des résultats très positifs. Toutefois l’ampleur persistante du
phénomène montre la complexité de la réponse et souligne la nécessité d’adapter les moyens et d’explorer de nouvelles pistes pour améliorer le parcours de soins des usagers. Ce projet qui propose d’orienter des consommateurs vers des structures d’accueil résidentiels hors de leur région s’inscrit dans ce contexte.

Le dispositif prévoit ainsi un repérage et une orientation d’usagers de crack volontaires, par leurs structures d’accueil habituelles, vers des établissements de soins résidentiels en dehors de leur région de consommation. Des outils spécifiques sont proposés à ces lieux d’accueil, en concertation étroite et continue avec les structures adressantes, et le soutien d’experts addictologues hospitaliers pour le suivi des cas les plus complexes.

L’instruction précise que les structures qui adressent le patient peuvent être des CSAPA (centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) ambulatoires, des services hospitaliers, des dispositifs de type Assore (accompagnement social et aux soins, orientation, réinsertion ensemble) ou Phase (pour un hébergement et un accès aux soins ensemble).

Le dispositif s’appuie sur l’élaboration entre l’automne 2021 et mars 2022 de deux ressources à destination des structures de prise en charge et leurs équipes : un référentiel intitulé « dispositif d’orientation et d’accueil des usagers de crack en structures de soins résidentiels entre régions », élaboré par un groupe de travail ad hoc, constitué d’experts et d’institutions, sous l’égide de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Midelca), et un premier recensement des structures de soins résidentiels identifiées sur le territoire en capacité d’accueillir des usagers dans ce cadre.

Instruction N° DGS/SP3/2022/114 du 19 avril 2022 relative à la mise en place d’un dispositif d’orientation et d’accueil des usagers de crack en structures de soins addictologiques résidentiels entre régions – Bulletin officiel Santé – Protection sociale – Solidarité n° 2022/11 du 13 mai 2022, p. 280.