Un livre qui analyse les difficultés du couple, notamment sur le désir sexuel du point de vue des hommes.
Partick de Neuter est psychanalyste, professeur émérite en psychopathologie du couple, de la famille et de la sexualité. Il a par ailleurs exercé une activité clinique comme thérapeute de couple et participé à la fondation du centre de formation aux clinique psychanalytiques de l’université de Louvain.
Le sexe semble être partout, décliné sous toutes les positions et toutes les formes. Corolaire obligé, on sent grandir une lassitude à son égard, que l’on constate cliniquement dans une augmentation des troubles de la libido. Mais le sexe est-il aussi important que l’indique l’ampleur du discours à son sujet ? Certes, Freud en a fait une prééminence dans sa théorie ! Il est le moteur d’un grand nombre de nos élans, comme l’émotion esthétique, l’amitié, la militance… Si la théorie freudienne s’explique parce qu’à son époque l’interdit était roi, cela est loin d’être le cas de nos jours, surtout depuis Mai 68 qui a décidé de la « libération sexuelle ». On pourrait donc avancer l’hypothèse que le sexe a surtout son importance à cause de la banalisation du discours à son propos. C’est un peu ce que Michel Foucault avançait en affirmant que le sexe est politique. Pour lui, le désir est d’abord gouverné par des codes sociaux, avant de devenir intime. Alors, peut-on avancer que nous assistons à un renversement du désir sexuel ?
A partir de sa clinique psychanalytique et de ses lectures, l’auteur questionne la problématique du mâle grisonnant amoureux de la jeune fille rajeunissante, et s’intéresse au désir d’être aimé et à celui d’aimer, à la fidélité et à l’infidélité, aux angoisses du vieillissement et à l’inconscient de « chaque un ». On passerait ainsi d’un désir sexuel, qui se situait en amont de l’individu comme ce qui le détermine (suis-je autorisé à désirer ce que je désire ?), à un désir se situant en aval, comme ce que le sujet doit apprendre à élaborer. C’est ainsi qu’il nous appartient de nous réapproprier notre désir sexuel. N’est-ce pas là primordial ? Parce que comme l’indique l’expression « faire l’amour », le sexe crée un rapport particulier entre des individus séparés, même si Lacan affirmait « qu’il n’y a pas de rapport sexuel ». En ce sens, le sexe n’est pas réductible à un simple rituel « hygiénique » mais est chargé d’intentionnalité et d’une augmentation d’existence.
Alors, peut-être s’agit-il de rendre le sexe si important, non pas parce qu’il est banalisé et qu’on ne parle que de lui, mais en ce qu’il est le lieu d’expression de nos singularités et libertés.
Surtout n’oublions pas qu’il y a dans la sexualité une force irréductible à toutes les tentatives de banalisation : nous n’en aurons jamais terminé avec le mystère du désir sexuel !
Une lecture de Dominique BARBIER, psychanalyste (Avignon)
Patrick de Neuter, Les hommes, leurs amours et leurs sexualités, Ed. érès