La e-cigarette ne peut pas être considérée comme aide au sevrage tabagique

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Même si elle peut avoir son utilité hors ou en complément d’une prise en charge, la cigarette électronique ne doit pas être proposée comme outil de sevrage du tabac par les professionnels de santé, faute de recul sur ses bénéfices et ses risques, estime le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) dans un avis publié mardi 4 janvier. L’institution revient ainsi sur de précédentes conclusions et formule 13 nouvelles recommandations pour la prise en charge des fumeurs. Communiqué.

Le HCSP actualise son avis du 22 février 2016 relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique, ou SEDEN (système électronique de délivrance de la nicotine). Un travail de synthèse de la littérature lui permet de formuler 13 recommandations pour la prise en charge des fumeurs, les politiques publiques, l’information de la population et la recherche.

Recommandations en termes de prise en charge des fumeurs
Recommandation N°1 : Les professionnels de santé qui accompagnent un fumeur dans une démarche de sevrage tabagique se doivent d’utiliser des traitements médicamenteux ou non ayant prouvé leur efficacité. Les connaissances fondées sur les preuves sont insuffisantes pour proposer les SEDEN comme aides au sevrage tabagique dans la prise en charge des fumeurs par les professionnels de santé.

Recommandation N°2 : Ces produits sont des produits de consommation, ils peuvent ainsi être utilisés par la population en dehors (ou en complément) d’une prise en charge dans le cadre du système de soin. L’absence des connaissances fondées sur les preuves n’exclut pas que le rapport bénéfices/risques de ces produits utilisés hors système de santé puissent représenter une aide pour certains consommateurs et contribuer ainsi à améliorer leur santé.

Recommandation N°3 : Le HCSP déconseille l’utilisation de SEDEN et SEDESN chez la femme enceinte fumeuse en l’absence de données sur l’efficacité, et par principe de précaution en l’absence de données sur les risques. Il existe une alternative efficace et ayant prouvé son innocuité avec les TSN dans le cadre d’une prise en charge par un professionnel de santé.


Recommandation N°4 : Le HCSP considère que les SEDEN pourraient être utilisés pour atteindre des publics vulnérables (en raison de co-addiction, de comorbidités, de facteurs sociaux…) à forte dépendance nicotinique, ayant exprimé une préférence pour les SEDEN et présentant une faible adhésion aux traitement validés. La priorité reste en effet l’amélioration de leur accès aux soins et de leur prise en charge ; dans ce cadre, les traitements validés doivent être proposés en première intention. Cette recommandation est conditionnelle à des conseils d’utilisation en sécurité, et temporaire en l’attente de données issues d’essais sur le rapport bénéfices-risques dans chacune des populations concernées.

Concernant les jeunes, la relation entre initiation de SEDEN et initiation au tabac est documentée par des études de cohortes. L’objectif de retarder l’initiation et l’usage des SEDEN chez les adolescents non consommateurs de tabac relève ainsi du principe de précaution.

Le HCSP recommande le maintien de l’interdiction de vente aux mineurs et que des mesures soient prises pour s’assurer de l’effectivité et du monitorage de son application.

Avis relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique, 26 novembre 2021 (diffusé le 4 janvier 2022), site du HCSP.