Périnatalité : des appartements thérapeutiques pour des femmes usagères de drogues

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A Bordeaux, l’Unité périnatalité addiction (UPA), destinée aux femmes enceintes, usagères de drogue et en situation de précarité, va être pérennisée.

Après une expérimentation de 2 ans, financée par l’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine et soutenue par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), l’Unité périnatalité addiction (UPA) de Bordeaux va être pérennisée au 1er janvier 2022. Mis en place par La CASE (1), ce dispositif innovant s’adresse aux femmes usagères de drogues, enceintes ou avec un bébé jusqu’au 1 an de l’enfant, en situation de précarité psycho-sociale, et quelle que soit leur situation administrative. Il leur propose un parcours de soins médico-psycho-social spécifique, articulé autour d’un appartement de coordination thérapeutique (ACT) et encadré par une équipe médico-sociale.

Lorsqu’elles sont à la rue, ces femmes présentent, davantage que les hommes, de nombreux facteurs de vulnérabilité sociale et sanitaire (violences, comorbidité psychiatrique et surmortalité liée aux stupéfiants…) (2). Ces difficultés sont majorées lors de la grossesse et la complexité des situations de ces femmes plaide en faveur d’une intervention coordonnée, comme celle proposée par l’UPA.

Cette unité est la première de France sous le modèle d’ACT. Localisée dans un petit immeuble indépendant dans le centre-ville de Bordeaux, elle comprend 7 appartements meublés et équipés. Les conditions de vie sont libres et proches de celles en logement autonome. 

Le projet de l’UPA s’appuie sur une double coordination médicale et sociale du parcours de la mère et de celui de son enfant. Une équipe pluridisciplinaire rencontre quotidiennement chaque usagère et assume un rôle de pivot entre elle et le réseau de prise en charge médicale et psychosociale. Il ne s’agit pas de se substituer à ce réseau, mais de permettre à la personne de l’intérioriser, pour, in fine, savoir comment s’y référer.

Sur le plan des addictions, pendant la grossesse, le corps médical préconise le « zéro consommation ». C’est un idéal vers lequel tendre mais qui génère beaucoup d’angoisses et de culpabilité chez la femme ne pouvant s’y astreindre. Le plus souvent, elle n’ose pas témoigner de ses addictions par honte et peur du jugement. La CASE et l’équipe des ACT travaillent selon les principes de la réduction des risques. L’admission dans ce dispositif n’est pas conditionnée à l’arrêt des consommations. Sans en banaliser l’usage sur un plan sanitaire et législatif, les consommations sont abordées librement. L’équipe est aculturée à l’accompagnement d’usagers de drogues actifs et analyse en permanence les possibilités de mobilisation de la personne.

1– Mutatayi C., « Résultats de l’enquête Ad-femina », Tendances n° 130, OFDT, 2019, 6 p. 2– La CASE est une association gestionnaire d’établissements médico-sociaux agréés et financés par l’Agence Régionale de Santé et de différentes actions en direction des publics vulnérables (usagers de drogues, travailleurs.ses du sexe, sortants de prison…).

• En savoir plus : www.lacase.eu, Contact : veronique.latour@lacase.eu (Photo © La CASE)