En 2019, l’association France Tutelle interrogeait pour la première fois les Français sur leurs connaissances en matière de protection juridique et sur leurs attitudes face à la projection et à l’anticipation de leur propre vulnérabilité ou celle d’un proche. Qu’en est-il deux ans plus tard ? Comment le grand public et les aidants familiaux appréhendent-ils ces situations aujourd’hui ? Sont-ils plus enclins à anticiper ou à organiser les conséquences juridiques liées à la vulnérabilité ? Ce deuxième baromètre publié par l’association répond à ces questions. Revue de détails.
Pour Jacques Delestre Président de l’Association France Tutelle, « la crise sanitaire que nous traversons encore aujourd’hui nous a tous impactés collectivement et individuellement. A-t-elle modifié la manière dont les Français envisagent l’anticipation ou la mise en œuvre de décisions en matière juridique ou administrative pour eux-mêmes ou pour leurs proches vulnérables ? Les résultats de ce deuxième baromètre nous confortent dans l’idée qu’il demeure primordial de continuer à sensibiliser et à informer le grand public, les aidants familiaux et les tuteurs familiaux sur les conséquences juridiques liées à la perte d’autonomie.«
Quelle situation d’aidance des répondants ?
68% des Français interrogés pour ce baromètre déclarent ne pas avoir dans leur entourage un ou des proches concernés par la vulnérabilité. 27% affirment avoir un proche en situation de vulnérabilité et 5% indiquent avoir plusieurs proches vulnérables. Parmi les 32% des Français affirmant avoir un (ou des) proche(s) en situation de vulnérabilité, 59% s’en occupent personnellement, soit près de 6 personnes sur 10 ayant un proche en situation de vulnérabilité.

Il faut retenir que :
– la tutelle reste le dispositif juridique le plus connu (82%)• ;
– un niveau de connaissance concernant la procuration et la personne de confiance en nette progression ;
– la sauvegarde de justice, les directives anticipées, l’habilitation familiale, l’habilitation judiciaire et le mandat de protection future restent des dispositifs juridiques peu connus ;
– une nette progression concernant la connaissance d’un « statut d’aidant » familial depuis 2019.
Il est en effet à noter que le niveau de connaissance concernant la procuration et la personne de confiance progresse significativement entre 2019 et 2021.Toutefois, la sauvegarde de justice, les directives anticipées, l’habilitation familiale, l’habilitation judiciaire et le mandat de protection future restent des dispositifs juridiques peu connus des Français.

77% des aidants interrogés en 2021 déclarent savoir ou avoir entendu parler de la possibilité de bénéficier d’un statut d’aidant familial. Ils sont aujourd’hui 3 fois plus nombreux qu’en 2019 à savoir pouvoir bénéficier juridiquement d’un statut d’aidant familial (53% en 2021 contre 17% en 2019). Toutefois, seuls 12% de ces aidants déclarent bénéficier réellement de ce « statut ».
« Se projeter, pour soi ou pour son proche, dans une situation de vulnérabilité reste toujours difficile et génère des émotions majoritairement négatives (50% pour soi, 58% pour un proche)«
Se projeter dans la vulnérabilité ?
Que ce soit pour eux-mêmes ou pour un proche, 31% des Français interrogés affirment se sentir concernés par la vulnérabilité. Ce pourcentage est en nette progression par rapport à 2019 puisqu’alors seuls 26% des Français indiquaient se sentir concernés.En 2021, moins de personnes semblent ne pas se sentir concernés (34% en 2019 contre 30% en 2021). Cependant, 77% des personnes interrogées continuent à se sentir peu ou pas concernées par ces questions. Il s’agit surtout des hommes, les 18-29 ans, les inactifs, les personnes sans frère ni soeur, ayant leur deux parents décédés et sans enfant au foyer.
« Depuis 2019, le nombre de personnes concernées par la vulnérabilité ayant pris des dispositions pour soi a doublé (2,5% de l’échantillon total en 2019 contre 5% en 2021). Quand il s’agit de dispositions prises pour un proche, ce nombre est multiplié par 8 passant de 1% de l’échantillon en 2019 à 8% de l’échantillon en 2021″.

Pour les personnes qui se sentent concernées mais n’ayant pas encore anticipé, la première motivation à anticiper pour soi est de ne pas être une contrainte pour ses proches. Cependant, la première raison à anticiper pour ses proches est de faciliter leur vie au quotidien. Pour les personnes qui se sentent concernées mais n’ayant pas encore anticipé, l’information, le conseil et l’orientation restent, comme en 2019, des besoins nécessaires pour aider à anticiper les situations de vulnérabilité pour elles-mêmes ou pour un proche.

Quels constats sur la crise liée à la Covid-19 ?
– près d’un Français sur deux a vu sa perception de la vulnérabilité changer depuis la crise sanitaire ;
– suite à la crise sanitaire, les Français sont davantage prêts à prendre, pour eux-mêmes et pour leur proche, des mesures pour exprimer leurs souhaits de fin de vie, préparer l’organisation de leurs soins, financer les dépenses actuelles ou à venir, anticiper ou se protéger juridiquement et administrativement ;
– durant la crise sanitaire, pour se protéger ou protéger un proche vulnérable juridiquement ou administrativement, le contrat obsèques, la personne de confiance et les directives anticipées ont été les mesures juridiques les plus envisagées et/ou utilisées ;
– 70% des personnes interrogées ayant mis en place des mesures juridiques ou administratives durant la crise sanitaire ont rencontré des difficultés de nature très variées.
« Notons une angoisse, panique, inquiétude (63%) plus marquée chez les personnes ayant pris conscience de l’existence de situations de vulnérabilité suite à la crise sanitaire ».

Un second volet, à paraître en 2022, abordera la manière dont les Français perçoivent et appréhendent leur futur rôle de tuteur familial.