Les résultats d’une enquête à l’initiative du Collectif Jeunes Managers de Santé et présentée à l’occasion du Salon SANTEXPO 2021, nous livrent des éléments éclairants sur leur ressenti lors des premières années de prise de fonction. Le manque de connaissances, tant techniques que managériales, s’exprime fortement.
La prise de fonction, pour un jeune manager de santé, est souvent une épreuve : changement de poste, nouveau statut, nouvelles responsabilités, parfois même changement d’établissement : de quoi ressentir un certain inconfort, voire être, pour un temps du moins, déstabilisé. Cette enquête du Collectif Jeunes Manageurs de Santé du Syndicat des Managers Publics de Santé (SMPS) avait pour finalité d’objectiver les conditions de prises de poste des jeunes managers dans la fonction publique hospitalière (FPH) afin de déterminer ensuite un plan d’actions associé porté par le collectif Jeunes Managers de Santé. On note 458 répondants à cette consultation dont 65% de femmes. Dans le détail : 35% de cadres issus des corps de direction, 34% de cadres de santé paramédicaux, 24% de cadres administratifs, 7% de Directeurs des soins, 3% de cadres supérieurs de santé paramédicaux, 3% de cadres technique et 1% de manageurs médicaux.
« Les prises de poste sont réellement personnalités dépendantes. La bienveillance managériale est un pré-requis indispensable à la fidélisation.»
Les critères de choix du premier poste rapportés ciblent le domaine fonctionnel ou les missions de la fiche de poste mais aussi des critères géographiques ainsi que le type de structure. Interrogés sur l’accueil dont ils ont bénéficié lors de leur prise de poste, si plus de 85% des répondants appartenant aux corps de direction se sentent « accueillis ou intégrés », plus d’un cadre sur 4 affirme l’inverse. Plus globalement, plus d’un manager sur 4 ne se sent pas du tout accompagné par son supérieur hiérarchique. Sur la question de la formation préparant à ces nouvelles responsabilités, et des compétences acquises, 49% seulement des répondants (notamment les directeurs de soins) les jugent « plutôt utiles » lors de la prise de poste. Au sein des corps de direction le jugement diffère : 1 cadre sur 5 juge les compétences managériales acquises « pas du tout utiles ».
Lors de la première année suivant la prise de poste, seul 1 répondant sur 5 s’est senti « stimulé ». 39% des répondants expriment majoritairement des sentiments négatifs pour qualifier la prise de poste, 1 répondant sur 5 s’est senti anxieux/stressé, plus encore pour les corps de direction et 1 personne sur 10 se dit « dépassée, isolée ».

Notons que les sentiments sur la prise de poste tendent à évoluer positivement pour une majorité des répondants. Plus de la moitié de ceux ayant répondu à la question N°7 par des sentiments négatifs indiquent une évolution positive de ces sentiments.
Les réponses concernant l’équilibre vie privée / vie professionnelle sont également à prendre en compte. On sait que ces fonctions managériales sont susceptibles de créer des contraintes liées aux horaires de travail, au présentéisme, voire à l’absence de déconnexion dans la sphère privée. Cette enquête nous le confirme, puisqu’ils sont 66% à déclarer qu’ils n’arrivent pas à concilier leur vie professionnelle de leur vie personnelle et les femmes sont moins nombreuses à y parvenir (moins 6 points). La première difficulté exprimée par les cadres pour concilier la vie privée et professionnelles est la charge mentale tandis qu’il s’agit des horaires de travail pour les corps de direction. Ceux qui ont pris leur premier poste en 2017 et avant parviennent mieux à concilier vie privée et vie professionnelle en prise de poste. Pour les promoteurs de l’étude, une question s’impose : est-ce une accentuation des difficultés sur les dernières années ou un simple biais cognitif ?
Quels éléments de motivation dans le travail ? 1- L'intérêt des projets et la possibilité de porter des projets innovants. 2- Le travail en équipe et la bonne ambiance. 3- Les responsabilités confiées. Quels éléments négatifs "pesants" dans le travail 1- Les injonctions contradictoires. 2- Les moyens mis à disposition. 3- L'écart aux valeurs professionnelles. Ce TOP 3 est stable parmi les différents corps, les modes de recrutements, la date de première prise de poste.
En termes de projections, 88% des répondants envisagent une mobilité possible dont 30% en dehors de la fonction publique hospitalière. 128% des cadres souhaitent réorienter leur carrière dès à présent.

« L’axe majeur est vraiment de renforcer la formation initiale et de prévoir des mois de spécialisation en fin de formation en fonction du poste. Il faudrait également développer la formation continue à l’EHESP après la prise de poste : à 6 mois, un an, deux ans… quand on a été face aux situations concrètes de terrain. »
Pour faciliter la prise de poste, les répondants proposent en priorité de renforcer l’accompagnement des nouveaux manageurs par le supérieur hiérarchique, de clarifier les positionnements et la place de chaque professionnel dans l’organisation de l’établissement et d’améliorer le contenu des formations dispensées. Pour les cadres (cadres de santé, administratifs, techniques), l’amélioration de la rémunération jouerait également un rôle important dans leur choix de rester dans le poste.
• Accéder à l’intégralité des résultats de l’enquête.
• A lire aussi l’article de Bruno Benque sur cadredesante.com « Y-a-t-il de la place pour les pratiques managériales audacieuses ?«