Le Gouvernement présente le 1er plan de lutte contre la prostitution des mineurs

FacebookXBlueskyLinkedInEmail

Assorti d’un engagement financier de 14 millions d’euros, le 1er plan de lutte contre la prostitution des mineurs est lancé et se déploirera dans son intégralité e 2022. Il décline 5 priorités et 13 actions pour mieux repérer les enfants victimes de ce fléau, les accompagner dans une reconstruction de leur parcours de vie, et mieux réprimer les clients et les proxénètes.

Entre 7 000 et 10 000 mineurs sont concernés en France par la prostitution. Il s’agit d’un phénomène grandissant que la société ne peut plus ignorer. Il nous faut collectivement nous donner les moyens d’appréhender ce phénomène trop peu connu pour le comprendre, le prévenir et le combattre.

Ce phénomène, présent sur tout le territoire, touche surtout des jeunes filles, âgées de 15 à 17 ans, avec un point d’entrée dans la prostitution de plus en plus tôt, se situant entre 14 et 15 ans pour plus de la moitié d’entre elles. Ces mineurs, issus de tout milieu social, ont souvent en commun d’avoir été victimes ou confrontés à de la violence, notamment intrafamiliale, avant d’entrer dans le système prostitutionnel.

Elles ont pour autre point commun de ne pas se considérer comme des victimes et de banaliser leur conduite. Pire, ces mineurs valorisent les nombreux effets bénéfiques de leur pratique : autonomie financière, réponse aux besoins fondamentaux d’affection et d’attention, sentiment de reprendre le contrôle de sa vie, impression d’appartenir à un groupe. Ces mineurs se trouvent pourtant en danger, tant physiquement que psychologiquement.

Dans le cadre du plan de lutte contre les violences faites aux enfants du 20 novembre 2019, Adrien Taquet secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles, a confié en 2020 à Catherine Champrenault, procureure générale près de la cour d’appel de Paris, la présidence d’un groupe de travail sur la prostitution des mineurs. C’est sur ce travail collectif que nous nous sommes appuyés pour construire ce 1er plan national de lutte contre la prostitution des mineurs, dont l’objectif est de pouvoir mieux repérer les enfants victimes de ce fléau – car ce sont bien des victimes -, les accompagner dans une reconstruction de leur parcours de vie, mieux réprimer les clients et les proxénètes.

Pour combattre ce fléau, Adrien Taquet, le secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles, a travaillé en concertation avec Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice, Nadia Hai, ministre déléguée en charge de la ville, Elisabeth Moreno, secrétaire d’État en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État en charge du tourisme et Cédric O, secrétaire d’État en charge du numérique. Ce plan, lancé dès 2021, se déploiera dans son intégralité en 2022, avec un engagement financier de 14 millions d’euros.

Il s’articule autour de 5 priorités et 13 actions :

• Priorité 1 – Ouvrons les yeux. Sensibiliser, informer et mieux connaitre

Alors qu’il touche des profils variés (milieu social, nationalité, genre ou territoire), le
phénomène de prostitution des mineurs est largement méconnu et lorsqu’il survient,
laisse les familles et les professionnels démunis. Pour donner aux parents les outils pour se renseigner et insuffler aux mineurs une culture de sauvegarde d’eux-mêmes, les mesures d’information et de sensibilisation sont le point de départ d’une action efficace contre la prostitution des mineurs.

• Priorité 2 – Soyons plus vigilants. Renforcer le repérage à tous les niveaux

La prostitution des mineurs est une réalité complexe et plurielle mais pour laquelle plusieurs signaux d’alerte peuvent être identifiés (fugues, changement de train de vie ou de comportement, déscolarisation, présence de signes de violences physique, présence de véhicule à proximité de l’établissement scolaire ou du lieu de vie du mineur, …). Autant de signaux faibles qu’il importe de détecter au plus vite pour éviter la bascule vers la prostitution.

De nombreux acteurs ont un rôle à jouer pour renforcer ce repérage : éducation
nationale, professionnels du médico-social, travailleurs sociaux, services de police, de
gendarmerie et de la justice, réseaux sociaux, acteurs de l’hôtellerie et de l’hébergement
locatif en ligne. La vigilance de tous doit être mobilisée.

• Priorité 3 – Protégeons les victimes. Accompagner les mineurs en situation prostitutionnelle

Les mineurs en situation de prostitution peinent à se percevoir comme des victimes. Il est temps d’affirmer haut et fort que les mineurs qui se prostituent sont réputés en danger et que doit leur être apporté, un soutien matériel, éducatif et psychologique.

• Priorité 4 – Accélérons les procédures contre les auteurs. Poursuivre et réprimer plus efficacement

On ne peut pas protéger les victimes sans garantir un traitement judiciaire effectif des clients et des proxénètes qui nourrissent ce phénomène. Les mesures permettant des poursuites et une répression adaptée sont indispensables.

• Priorité 5 – S’organiser pour répondre aux défis
Un pilotage national sera mis en place à travers une task-force interministérielle. Celle-ci
sera relayée au niveau territorial par un partenariat entre tous les professionnels
concernés (professionnels de santé, de l’éducation nationale, acteurs de la jeunesse,
travailleurs sociaux, conseils départementaux, PJJ, justice, Forces de l’Ordre, acteurs du
numérique, groupes hôteliers…).

En savoir plus : Dossier de presse du Ministère des Solidarités et de la Santé