Blagues de mauvais goût, paroles déplacées ou dégradantes, bizutage… pour les étudiants en sciences infirmières (ESI) la maltraitance en stage et la détresse psychologique qui l’accompagne n’est pas une nouveauté. Les dénoncer, encore et toujours est d’autant plus indispensable aujourd’hui à l’heure où la perte de sens et le manque d’attractivité à l’hôpital sont des thématiques centrales.
« Dans un stage on m’a dit que quand un patient décède, on fait la blague au stagiaire. On lui fait prendre la tension et on regarde à quel moment [il] se rend compte qu’il est mort.» Dans une vidéo TikTok, ce court témoignage a fait le buzz peut-on lire ce matin dans un long article que le Figaro Étudiants consacre « au calvaire des étudiants infirmiers bizutés à l’hôpital ». On peut y lire également un autre témoignage : « En premier stage infirmier, on m’a demandé d’aller féliciter une maman qui venait d’accoucher. C’était mon premier jour. En fait, elle avait perdu son bébé.» Sur Twitter, l’auteur de ce commentaire a ajouté: « J’ai vécu un stage horrible. Elles m’ont demandé de dire ça à la patiente et elles étaient derrière moi à rigoler. Aucun respect. »
Cécile, Florian, Léa, Leila, Raphaëlle, mais aussi Charly, Océane, Marine et Emma racontent tous la même histoire. « On m’a dit tous les jours de mon stage que j’étais nulle », « On m’avait prévenu que sur mes 6 stages, au moins un se passerait mal» , « Après tant de méchancetés, j’ai perdu confiance en moi ». Tous ont mis un terme à leur stage.
Au-delà du bizutage, le harcèlement aussi fait craquer certains stagiaires. Si certains acceptent de témoigner «faire bouger les lignes», pour d’autres, cela reste difficile. La Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI) le souligne dans un communiqué : « la maltraitance en stage et la détresse psychologique des ESI n’est pas une nouveauté« . En 2011, 2015, et 2017, par la réalisation de trois enquêtes interrogeant les étudiants sur leur vécu de stage, elle avait révélé leurs souffrances physiques et psychiques liées à leurs conditions d’étude. Et de souligner qu’en 2020, crise sanitaire oblige, « les dysfonctionnements déjà présents sur les terrains de stage ont été fortement accentués, engendrant une mise en danger des ESI avec sentiment d’insécurité, détresse psychologique, dévalorisation et démotivation« .
Pour l’amélioration de la qualité et des conditions de formation des ESI, la FNESI demande le développement d’un « évaluation systématique et obligatoire des lieux de stages. En effet, à l’heure où perte de sens et manque d’attractivité à l’hôpital sont des thématiques centrales, agir face à genre de problématiques est indispensable et serait un levier parmi d’autres, face aux démissions desESI. Un stage qui se déroule dans de bonnes conditions, c’est un ESI qui croit en son futur et en sa formation« .
La FNESI dénonce « ces comportements déplacés et le bizutage, encore trop présent sur le terrain, bien qu’il soit illégal ».