+7% de personnes accueillies en Csapa entre 2015 et 2019

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Plus de 300 000 personnes accueillies en 2019, des motifs de consultations en hausse pour les usages de cocaïne et les addictions sans substance. L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) présente dans ce numéro de Tendances les évolutions les évolutions et les caractéristiques du public accueilli en 2019 dans les 430 Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) répartis sur le territoire. Communiqué.

Ce numéro de Tendances revient sur les évolutions des personnes prises en charge depuis
2015 à partir de deux sources principales : les données du dispositif RECAP (Recueil commun sur les
addictions et les prises en charges) conçu pour pouvoir être utilisé au niveau européen et celles
présentes dans les rapports d’activité des structures qui sont transmis chaque année à la Direction
générale de la santé (DGS) via les Agences régionales de santé puis analysés par l’OFDT.

Une file active en progression, majoritairement masculine et en difficulté avec l’alcool

Plus de 300 000 personnes ont été accueillies dans les CSAPA en 2019 et ce nombre a augmenté de
7 % entre 2015 et 2019.

Les CSAPA accueillent au trois-quarts des hommes (77 % en 2019) proportion inchangée depuis les
années 2000. Il s’agit ainsi d’une des rares caractéristiques communes à pratiquement tous les types
de publics accueillis par ces structures : les femmes ne sont majoritaires que parmi le nombre très
limité de personnes venues pour un problème d’addiction alimentaire. La proportion de femmes est
en revanche particulièrement faible (15 %) parmi les personnes accueillies pour un problème de
consommation de cannabis.

Différents groupes de patients peuvent être distingués selon le produit consommé posant le plus de
problèmes. Les usagers qui sont uniquement ou principalement en difficulté avec l’alcool (46 %) ou
le tabac (9 %) constituent l’ensemble le plus important des personnes suivies. La part des personnes
prises en charge pour leur usage de cannabis est stable (près d’une personne sur 5). Le troisième
public considéré est celui des consommateurs d’opioïdes, de cocaïne ou d’autres drogue illicites
(26,5 %), très souvent poly-consommateurs dont la part diminue très légèrement. Peu nombreux
relativement aux trois groupes précédents, mais en augmentation, les personnes avec des problèmes
d’addictions sans substances représentent 4 % des effectifs.

Demandes de traitement pour usages de cannabis : un public plus jeune, des consommations
plus régulières


Le nombre de personnes prises en charge pour des usages de cannabis, évalué à près de 55 000 en
2019, a augmenté dans les mêmes proportions que l’ensemble du public des CSAPA depuis 2015. L’âge
moyen des personnes de ce groupe est sensiblement plus jeune que pour l’alcool : 28,5 ans contre
48,8 ans. Plus de la moitié des personnes prises en charge ont été vues dans le cadre d’une
consultation jeunes consommateurs (CJC) gérée par un CSAPA.

Parmi ces personnes, la part de celles qui le consomment quotidiennement ne cesse d’augmenter
depuis 2007 pour être proche de 70 % en 2019, soit plus de 6 points depuis 2015 (63,3 %). Près des
deux tiers des usagers de cannabis pris en charge sont considérés par les soignants des CSAPA comme
étant dépendants au cannabis, en hausse par rapport à 2015. Les 30 ans et plus sont plus nombreux
que les moins de 30 ans à consommer quotidiennement (73 % vs 68 %) et à être considérés comme
dépendants (72 % vs 62 %).

Pour les autres drogues illicites, une attention particulière aux demandes de traitement pour
les usages de cocaïne


Concernant les personnes prises en charge pour d’autres drogues illicites, le profil de poly-
consommateurs usagers d’opioïdes domine (8 personnes sur 10) même s’il est en baisse entre 2015 et
2019 (-5 %). L’effectif de ce groupe a peu varié depuis 2015 mais c’est une population qui continue
de vieillir assez rapidement, l’âge moyen est ainsi passé de 37,5 ans en 2015 à 39,4 ans en 2019.

L’évolution majeure est l’augmentation des demandes de traitement en lien avec la cocaïne sous sa
forme poudre ou sa forme base (cocaïne basée ou « crack »), particulièrement élevée parmi les
nouveaux patients : de 10 % à 18 % pour la cocaïne poudre et de 3,9 % à 9,6 % pour le crack/cocaïne
basée, à l’image de la tendance observée au sein du public des centres d’accueil et
d’accompagnement à la réduction des risques (CAARUD).

Le profil des personnes diffère très largement suivant qu’il s’agit d’utilisateurs de cocaïne poudre ou
de crack, ces deux publics ayant peu de traits communs. Les premiers sont en moyenne plus jeunes
(34,8 ans vs 39,5 ans) et la part des professions et catégories sociales « artisans, commerçants » et
« cadres et professions libérales » est particulièrement élevée pour la cocaïne poudre (9,0 % dans les
deux catégories contre respectivement 4,0 % et 2,0 % pour les consommateurs de crack), alors que
celle des personnes sans profession est beaucoup plus faible (23 % vs 41 % pour les consommateurs de
crack).

Les addictions sans substance : de faibles demandes de traitement mais en forte progression

Cette catégorie générale, qui passe de 2,6 % des patients à 3,9% entre 2015 et 2019, regroupe en 2019
plus précisément les « jeux d’argent » (33 % de l’effectif du groupe), la « cyberaddiction » (31 %), les
« troubles alimentaires légers » (20 %), et les « autres addictions sans produit » (16 %). Les profils des
personnes prises en charge pour ces différents types d’addictions comportementales sont très
différenciés : très majoritairement de sexe masculin mais en moyenne très jeunes dans le cas de la
cyberaddiction, beaucoup plus âgés pour les jeux d’argent, très majoritairement de sexe féminin pour
les troubles alimentaires. L’ensemble de ce public a cependant pour caractéristique commune d’être
majoritairement entré en contact avec un CSAPA à leur initiative ou celle de proches.

Les personnes accueillies dans les CSAPA. Situation en 2019 et évolution 2015-2019. C. Paille, Tendances, OFDT, n°146, août 2021, en pdf.