La Fondation APICIL présente dans un communiqué le projet de recherche de Christine Chalut-Natal Morin, doctorante sous la direction du Pr Antoine Bioy, enseignant chercheur à l’Université Paris 8, lié aux douleurs de l’accouchement et au recours à l’hypnose comme processus de désapprentissage de la douleur. Cette recherche vise à remettre les femmes au centre du processus de gestion de la douleur de l’accouchement, en s’appuyant sur une capacité spécifique de la femme enceinte : son haut potentiel d’hypnotisabilité (1). La Fondation APICIL soutient la mise en oeuvre de cette étude, à hauteur de 29 976€ au côté de l’Université Paris 8.
Les représentations autour de l’accouchement ont considérablement évolué ces trente dernières années. La notion de contrôle est aujourd’hui omniprésente dans une maternité ; notamment avec le contrôle médical tout au long de la grossesse, avec l’hypermédicalisation de l’accouchement et le contrôle de la douleur grâce à la systématisation de l’anesthésie péridurale.
Paradoxalement, plus l’environnement est sécure, moins l’accouchement est douloureux et plus les femmes sont angoissées. Cette angoisse est essentiellement liée à la peur de ressentir la douleur. Cette dernière peut être envisagée comme une douleur programmée, entretenue et majorée par les phénomènes d’anxiété qui s’y rattachent et sont source de stress. Ces phénomènes nuisent au bon déroulement de l’accouchement, entravent le processus de naissance et augmentent les interventions médicales qui induisent à leur tour certaines complications tant médicales que psychologiques. Ce projet vise à remettre les femmes au centre du processus de gestion de la douleur de l’accouchement en s’appuyant sur une capacité spécifique à la femme enceinte : son haut potentiel d’hypnotisabilité.
« La littérature scientifique sur l’hypnose et l’obstétrique est assez ambivalente. Elle est aussi partielle, car n’aborde que certains paramètres et n’offre pas réellement une vision sur les processus dynamiques à l’oeuvre. Cette recherche est importante parce que pour la première fois, elle teste un modèle de compréhension de la dynamique d’accompagnement auprès de femmes enceintes jusqu’au contexte de l’accouchement et s’intéresse évidemment au vécu qu’il génère. Par ailleurs, l’hypnose n’est ici pas désignée comme une simple technique de soutien contre la douleur mais elle est comprise comme une approche qualitative, respectant cette période importante qui mobilise chez les femmes accompagnées, leur rapport au corps, à leur histoire, à leurs repères de vie. L’hypnose est aussi une façon de jouer avec le temps, en préparant un avenir qui prend racine dans une évolution personnelle et dans un présent où tant de choses se trouvent remaniées. Le fait que les femmes enceintes soient plus sensibles à l’hypnose peut bien entendu être vu comme les conséquences de processus psycho-physiologiques.
Mais on peut aussi y voir le besoin de ces femmes, de ces futures mères d’un premier ou nouvel enfant, de ressentir la façon dont l’enfantement à venir dessine un nouveau rapport au monde et combien l’hypnose, qui interroge les plans corporels, psychiques, spirituels / existentiels, peut participer de ce mouvement. »
Pr Antoine Bioy, Enseignant chercheur (Paris 8) et psychologue hypno-thérapeute attaché au CHU Bordeaux.
Bénéfices attendus
Au-delà du bien-être et du confort, qui sont primordiaux pour les patientes pendant leur accouchement et des bénéfices médicaux et psychologiques cités ci-dessus, cette capacité retrouvée à gérer la douleur de l’enfantement aura un impact spécifique sur l‘accouchement d’une femme et la naissance d’une mère qui influencera probablement la relation mère-enfant.
En termes de santé publique :
– Diminution de l’anxiété pendant la grossesse.
– Diminution des interventions médicales iatrogènes4.
– Diminution des troubles psychologiques liés au mauvais vécu de l’accouchement.
– Meilleure satisfaction des patientes.
En termes économiques :
Une diminution des coûts liés à l’accouchement et ses complications est envisagée : moins d’anesthésie péridurale, diminution des effets secondaires des interventions iatrogènes mais aussi des troubles
psychologiques et donc des coûts inhérents à leur prise en charge (traitements, durée de séjour…).
(1) L’hypnotisabilité d’un sujet réfère à sa capacité à entrer en hypnose avec ou sans l’intervention d’une tierce personne dans le cas de l’autohypnose par exemple.
