Les Français et les jeux d’argent et de hasard : quelles évolutions ?

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La part des Français qui jouent aux jeux d'argent et de hasard (JAH) est en recul par rapport à 2014 mais on observe une progression du jeu problématique selon l'OFDT (Observatoire français des drogues et toxicomanies) qui publie le dernier numéro de la revue Tendances.

Pour la troisième fois, après des exercices menés en 2010 puis 2014, le Baromètre de Santé publique France 2019 a inclus un volet consacré aux pratiques de jeux d’argent et de hasard (JAH) des Français.

Réalisée auprès d’un échantillon de quelque 10 000 individus de plus de 18 ans, cette enquête permet d’estimer la prévalence de ces activités en décrivant les profils des joueurs, de rendre compte des évolutions et d’aborder la question du jeu problématique. Un numéro de la publication Tendances de l’OFDT présente l’ensemble des résultats alors qu’une note de l’Observatoire des jeux (ODJ) se penche spécifiquement sur les pratiques les plus problématiques.

Chiffres

En 2019, près d’une personne âgée de 18 à 75 ans sur deux (47,2 %) déclare avoir joué à un JAH durant l’année écoulée. Les femmes sont un peu moins nombreuses que les hommes à l’avoir fait (44,2 % vs 50,4 %). Par rapport à l’enquête de 2014, la part des Français de 18-75 ans déclarant pratiquer les JAH a globalement diminué puisqu’elle avait atteint 57,2%. Relativement aux non-joueurs, la pratique des JAH est plus fréquente chez les hommes, âgés de 25 à 54 ans, professionnellement actifs. Les joueurs ont un niveau d’éducation un peu moins élevé que les non-joueurs mais un revenu supérieur.

Une majorité des joueurs le font de manière occasionnelle. Parmi les joueurs dans l’année, seuls 28,6 % pratiquent au moins une fois par semaine. Le jeu quotidien est exceptionnel (1,2 % des joueurs) et se rencontre essentiellement parmi les joueurs de paris sportifs et de poker.

Focus sur le jeu problématique

Certains joueurs peuvent être en difficulté avec leur pratique et c’est afin de mieux contenir les dommages socio-sanitaires que ces activités peuvent entraîner et de vérifier que la prospérité de ce secteur économique ne se fait pas au détriment de la santé publique, qu’une évaluation de la part des joueurs concernés est essentielle. À partir d’un outil de repérage utilisé au plan international, l’Indice Canadien du Jeu Excessif (ICJE), on peut estimer les proportions de joueurs à risque modéré et de joueurs excessifs (formant le groupe des joueurs ayant une pratique problématique).

Entre 2014 et 2019, la prévalence des pratiques de jeu à risque modéré est passée de 3,8 % à 4,4 % et l’on constate une augmentation significative du jeu excessif: 1,6% des joueurs contre 0,8% en 2014. Au total, 6% des joueurs ont des pratiques problématiques.

Rapportées à l’ensemble de la population, ces niveaux équivalent à 1 million d’individus, joueurs à risque modéré et 370000 joueurs excessifs. À eux seuls, ces joueurs génèrent près de 40 % du chiffre d’affaires des différentes activités.

Ces joueurs excessifs ou à risque modéré sont plutôt des hommes, plus jeunes que leurs homologues, appartenant à des milieux sociaux modestes, ayant un niveau d’éducation et des revenus inférieurs à ceux des autres joueurs. Moins actifs que l’ensemble des joueurs au plan professionnel et moins souvent retraités, ils sont plus fréquemment chômeurs. Les prévalences de jeu problématique sont variables selon le type de jeu.

Les jeux de loterie sont ceux pour lesquels la part des pratiques problématiques est la plus faible au plan individuel mais, compte tenu de leur diffusion auprès d’une large population, ils génèrent une grande part des dommages induits. Les paris sportifs représentent le risque le plus important au plan individuel: la part des joueurs à risque modéré est 3 fois plus importante que pour les jeux de loterie et la part de joueurs excessifs 6 fois plus élevée. Ils sont en 2019 pratiqués par un joueur sur dix, mais jusqu’à un quart des comportements de jeu problématique peuvent leur être attribués. L’analyse conduite montre qu’un faible niveau de diplôme et de revenu, la pratique des paris sportifs et hippiques, des machines à sous, des autres jeux de casino, ainsi que la multi activité sont des facteurs à risque significatifs du jeu problématique.

Les Français et les jeux d'argent et de hasard. Résultats du Baromètre de Santé Publique France 2019, J-M Costes et al., Tendances n°138, juin 2020, OFDT (en PDF)