Les patients psy face au cancer

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Le projet Canopée va étudier les difficultés de parcours de soin des patients souffrant de troubles psychiques sévères et atteints de cancers.

La surmortalité par cancer des individus suivis pour des troubles mentaux sévères (TMS) a été récemment objectivée en France (1), suggérant que cette population est confrontée à des inégalités de santé. Les facteurs liés aux comportements individuels sont les plus fréquemment mis en avant pour expliquer ce phénomène mais il est également nécessaire de considérer le rôle d’autres facteurs : ceux liés aux professionnels et au système de santé. C’est ce que va entreprendre le projet de recherche Canopée (pour «Cancers chez les personnes suivies pour des troubles psychiques sévères : des difficultés de parcours de soin ?»), porté par l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) (2), qui vient d’obtenir un financement à hauteur de 375 560 euros de l’Institut national du cancer (Inca) pour une durée de trois ans (fin 2019-2022).

L’objectif principal de la recherche est de mieux caractériser ces défauts de prise en charge en mobilisant une méthode mixte.

L’approche quantitative vise à mieux préciser les hypothèses quant aux facteurs de surmortalité par cancer (surprévalence, dépistage tardif, soins non optimaux…). Elle mobilise ainsi les données du système national des données de santé (SNDS) pour décrire et comparer d’une part, la prévalence du cancer, la mortalité par cancer et les actions de prévention et de dépistage entre les individus suivis pour TMS et la population générale, et d’autre part, les parcours de soins du cancer entre les patients avec ou sans TMS à l’échelle nationale.

L’approche qualitative repose sur des entretiens semi-dirigés avec des patients, leurs proches et des professionnels de santé afin de documenter les freins et leviers à la prise en charge du cancer chez les patients avec TMS. Afin de garantir l’aspect participatif de la recherche, des usagers en santé mentale seront impliqués dans les étapes clés.

Les chercheurs précisent : «Si nos résultats démontrent l’existence d’inégalités de santé dans ces suivis, ils permettront d’apporter des premiers éléments probants pour sensibiliser les différentes parties prenantes et concevoir des interventions destinées à réduire ces inégalités». Premiers résultats prévus fin 2022.

1– Coldefy, M., Gandré, C. Personnes suivies pour des troubles psychiques sévères : une espérance de vie fortement réduite et une mortalité prématurée quadruplée. Questions d’économie de la santé. 2018, 1-8. 2– Avec la collaboration de l’École des hautes études en santé publique (EHESP), l’Université de Nanterre et le GHU Paris psychiatrie et neurosciences.