D’après une étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, les victimes de violences sexuelles dans l’enfance souffrent davantage de troubles de santé mentale (notamment les femmes) et ont un risque de tentative de suicide au cours de la vie nettement plus élevé que les personnes n’ayant pas vécu cet événement.
L’étude s’appuyait sur le Baromètre de Santé publique France 2017, qui a interrogé 25 319 personnes de 18 à 75 ans. Parmi elles, près de 6% des femmes et 1,4% des hommes ont déclaré avoir été forcés à subir ou à faire des attouchements sexuels ou à avoir des rapports sexuels contre leur volonté avant l’âge de 15 ans. Le pourcentage d’hommes et de femmes percevant un mauvais état de santé générale était plus important chez ceux déclarant des antécédents de violences sexuelles (respectivement 3,3% et 9,3%), de même que la proportion de personnes déclarant des conduites suicidaires (pensées suicidaires au cours de l’année et tentatives de suicide au cours de la vie) et des épisodes dépressifs caractérisés (EDC) au cours de l’année. Les femmes déclarant un trouble anxieux actuel étaient 2,4 fois plus concernées par les antécédents de violences sexuelles, ce résultat n’étant pas significatif chez les hommes. Par ailleurs, l’étude s’est intéressée aux caractéristiques sociodémographiques et socio-économiques des personnes et montre que les taux de prévalences d’antécédents de violences sexuelles étaient significativement plus élevés chez les personnes en situation d’inactivité professionnelle (8,7% chez les femmes et 2,9% chez les hommes), divorcées (9,6% chez les femmes et 2,6% chez les hommes) et ayant une mauvaise situation financière perçue (7,8% chez les femmes et 2,2% chez les hommes).
Malgré une sous-déclaration connue des violences sexuelles, les résultats vont dans le sens de la littérature scientifique française et internationale. Les chercheurs concluent que « la mesure du phénomène de la violence envers les enfants pose aujourd’hui encore de nombreux défis et la prévention de ces violences est un véritable enjeu de santé publique. De nombreux efforts devront être déployés afin de faire progresser les connaissances sur l’ampleur et la nature du phénomène ainsi que sur leurs cooccurrences avec d’autres événements de vie adverses. »
- État de santé des personnes déclarant des antécédents de violences sexuelles avant l’âge de 15 ans, résultats du Baromètre de Santé publique France 2017. M. Gorzo et al., BEH, La maltraitance pendant l’enfance et ses conséquences : un enjeu de santé publique, n° 26-27, octobre 2019, www.santepubliquefrance.fr