Les nouveaux outils de santé connectée peuvent jouer un rôle dans la prévention du suicide, en donnant accès en temps réel à des informations sur l’état de santé d’un patient entre deux séjours en centre de soins. Cette extension de l’évaluation clinique à l’environnement du patient permet de développer des outils d’aide à la décision face à la gestion du risque suicidaire, suggère cette thèse de doctorat, disponible en accès libre. Résumé de l'auteur.
La recherche en prévention du suicide fait face à des défis spécifiques, liés aux caractéristiques des sujets à risque. La conception d’interventions de prévention efficaces est particulièrement difficile. Les sujets suicidants sont généralement pris en charge aux urgences, qui ont la charge d’organiser la prise en charge au long cours. Un antécédent de passage à l’acte suicidaire est un facteur de risque majeur de décès prématuré lié au suicide. La prise en charge suivant un passage aux urgences pour un geste suicidaire constitue un défi critique pour les urgences et services de santé mentale.
Compte tenu de ces enjeux, il y a eu un intérêt majeur à évaluer l’efficacité des interventions visant le maintien du contact des sujets à risque avec les services de soins. L’évaluation ponctuelle du risque suicidaire habituellement conduite aux urgences, après un geste suicidaire, ne rend pas compte de son évolution après la sortie des soins, alors même que le risque de récidivereste important plusieurs mois après. Dans ces conditions, les possibilités d’identification, et donc de prise en charge, des patients à risque suicidaire sont limitées.
Le développement de la santé connectée donne désormais accès en temps réel à des informations sur l’état de santé d’un patient entre deux séjours en centre de soins. Cette extension de l’évaluation clinique à l’environnement du patient permet de développer des outils d’aide à la décision face à la gestion du risque suicidaire. Les travaux présentés dans ce mémoire sont volontairement solidaires des systèmes de soinssexistants. La construction de nouvelles stratégies de prises en charge, en particulier lorsqu’elle repose sur les TIC, ne pourra venir qu’en complément des services existants. Le soin des sujets à risque de suicide est intrinsèquement lié à la relation humaine et s’accommode difficilement del’intrusion du tiers que représentent les TIC, en particulier lorsque ces technologies revendiquent une partie de la décision médicale. Ces travaux montrent cependant l’interêt de la technologie dans l’accès aux données cliniques et l’interprétation des signaux de risque de passage à l’acte. Ces stratégies pourraient être incorporées à très court terme dans les procédures de veille comme VigilanS. Les perspectives qui y sont associées font croire à la possibilité d’une place pour la santé connectée en prévention du suicide, et plus généralement en santé mentale.
-
Santé connectée et prévention du suicide : vers une aide à la décision. Sofian Yahia-Berrouiguet. Disponible sur https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02134184