Accompagnés fin 2012 par la DGOS pour prévenir les risques psychosociaux (RPS), dix hôpitaux ont été audité par l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact). Ce rapport confirme une certaine lassitude des acteurs par manque de résultats "tangibles", surtout sur l'absentéisme ou le turn-over. Quinze leviers sont proposés pour relancer la dynamique.
Sont considéres comme déterminants :
– Implication de la Direction : Au plus haut niveau, dans la durée. DG et DRH. Implication explicite aux étapes-clés. Lien établi et explicité avec autres décisions stratégiques (projet d’établissement, projets RH, etc..). Rôle important dans le choix du chef de projet.
– Bon positionnement du chef de projet : Bien placé dans la hiérarchie ; reconnu et soutenu par la direction ; reconnu par tous les acteurs, large légitimité (connaissances sur le sujet, connaissance de l’établissement, des processus de travail, capacité d’écoute et de médiation sociale, contacts de qualité avec tous les acteurs)
– Dialogue social de qualité : Participation continue CHSCT et élus dans Copil et aussi dans les GT sur des actions concrètes. Capacité de discussion sur des sujets concrets, près des réalités du travail
– Implication de l’encadrement Participation de l’encadrement aux instances de pilotage et aux actions concrètes dans les services. Importance de la formation large del’encadrement sur RPS et sur les pratiques de management intégrant les questions RPS
Sont considéres comme importants :
– Structuration du projet de prévention Projet RPS comme un projet global avec des actions spécifiques structurées, coordonnées, pilotées, évaluées (avec responsable, délais, évaluation…)
– Permanence des acteurs porteurs du projet et des approches Permanence des acteurs clés : direction et chefs de projet. Important mais contournable si transmission effective entre acteurs
– Portage paritaire et pluridisciplinaire Dispositif de pilotage paritaire et pluridisciplinaire ou GT idem caractéristiques (multiples compétences : RH, prévention, qualité des soins, organisation)
– Implication du corps médical Participation du corps médical aux instances de pilotage et aux actions concrètes dans les services
– Acteurs de prévention présents et coordonnés Présence de ces acteurs (cf. médecin du W). Bonne coordination et coopération de ces acteurs dans les actions
– Capacité d’autonomie des acteurs Liée à la formation, au nombre d’acteurs formés et à leur permanence Important Mais n’exclut pas des appuis ponctuels à certaines étapes
– Passages par des actions concrètes et analyse du travail dans des démarches participatives Importance d’actions concrètes locales, dans les services et de transformations des CTr. Importance de la participation large des agents aux analyses (groupes de travail), expérimentations, recherche de solutions
– Capacité à gérer des actions à court, moyen, long terme Nécessité de tenir les différentes temporalités avec des actions visibles à CT et d’autres impliquant un travail plus approfondi à MT ou LT
– Capacité d’intégration/diffusion de la prévention des RPS Capacité à intégrer RPS dans les projets, conduites de projet RH, organisation. Vue plus large de l’enjeu RPS que le seul champ de la prévention. Capacité à faire des liens avec problématiques autres comme celles du management et des transformations d’organisation, projets de nouvelles organisations
– Développement d’actions aux 3 niveaux de prévention Capacité à concevoir la prévention avec des actions aux 3 niveaux de prévention et en particulier du niveau primaire (organisation du travail, soutien aux collectifs de travail, management)
– Qualité de la communication Souci de la visibilité du projet pour le plus grand nombre des agents. Actions de communication larges et régulières. A adapter selon temporalités, moyens… et réactiver et à renouveler régulièrement dans les formats.
Résumé
L’évaluation des démarches de prévention de RPS dans dix établissements publics de santé a permis un regard rétrospectif sur une période longue d’actions de prévention dans les établissements. Elle a permis de constater une prise de conscience significative des principaux acteurs sur le sujet et que la plupart des établissements continuent à développer des actions dans ce domaine. Cependant, leur histoire, pour beaucoup avec des ruptures d’acteurs, de bouleversements des situations économiques et sociales, a pu fragiliser des plans structurés et durables. L’analyse transversale des dix expériences a cependant permis de mettre en valeur les leviers principaux d’une démarche pérenne de prévention. Elle a permis également de mettre en lumière des évolutions dans les problématiques de santé au travail et des domaines d’actions en conséquence. Elle met surtout en valeur l’importance d’intégrer le plus en amont possible ces questions de santé des professionnels – dans des formats variables de plans RPS ou QVT dans les projets et les conduites de changement qui constituent le contexte aujourd’hui permanent des hôpitaux et qui structure largement le vécu au travail des agents. Dans cet environnement complexe et en constante mutation, les conditions de l’organisation du travail qui permettent le soutien aux collectifs de travail et à l’encadrement, piliers de la bonne santé à l’hôpital, sont vraiment les priorités d’actions pour l’hôpital aujourd’hui.
Evaluation des démarches de prévention des risques psychosociaux dans dix établissements publics de santé, Anact, juin 2018 – Télécharger le rapport