A l'occasion de la 23e journée nationale pour la prévention du suicide, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) a rassemblé plusieurs articles afin de promouvoir des méthodes pour une meilleure évaluation de la mortalité, de la morbidité et des causes associées à l’acte suicidaire afin de renforcer les stratégies de prévention.
Parmi eux, cette étude décrit les caractéristiques nationales et régionales des hospitalisations pour tentative de suicide (TS) dans les établissements de soins de courte durée. En se basant sur les données du Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) en MCO (médecine, chirurgie et obstétrique), elle montre qu’entre 2008 et 2017, le nombre de ces hospitalisations a diminué, passant de plus de 100 000 par an à un peu moins de 89 000. Les taux d’hospitalisation pour TS étaient respectivement de 17,4 et 15,1 pour 10 000 habitants en 2008 et 2017. La diminution était plus marquée chez les femmes que chez les hommes. En revanche, le taux de réadmission pour TS est resté stable : quelle que soit l’année étudiée, 89,5 % des patients ont eu un seul séjour pour TS et 10,5 % ont eu au moins un nouveau séjour au cours de la même année.
Concernant les profils de ces patients, les jeunes filles entre 15 et 19 ans avaient systématiquement les taux les plus élevés, en moyenne 41 pour 10 000. Entre 2008 et 2017, une baisse des taux par âge était observée chez les femmes de 20 à 49 ans, tandis que chez les hommes au-delà de 50 ans, les taux étaient plus élevés en 2017 qu’en 2008. Quelle que soit l’année, les intoxications médicamenteuses volontaires, en particulier aux psychotropes, représentaient le mode le plus fréquent des TS. Une pathologie psychiatrique était relevée dans 61 % des séjours pour TS (59 % chez les femmes et 64 % chez les hommes), avec en premier lieu la dépression, les troubles liés à l’alcool et des troubles anxieux.
Pour les chercheurs, malgré cette diminution, une vigilance accrue doit être portée sur certains segments de la population (adolescentes et hommes de plus de 50 ans). Par ailleurs, la surveillance des hospitalisations pour TS doit être maintenue, pour suivre l’évolution des réadmissions après instauration des dispositifs de maintien du contact des suicidants.
- Les hospitalisations pour tentative de suicide dans les établissements de soins de courte durée : évolution entre 2008 et 2017, C. Chan-Chee, in : Suicide et tentatives de suicide : données épidémiologiques récentes, BEH, n° 3-4, février 2019, disponible sur http://invs.santepubliquefrance.fr