Dans son rapport annuel sur le mal-logement, la Fondation Abbé Pierre livre une nouvelle description de la crise du logement. Elle dénonce le sort des personnes sortant d’institutions, notamment psychiatriques, souvent sans accompagnement ni solution de logement. Ces « sorties sèches », qui vont jusqu’à s’apparenter à des expulsions de fait, aggravent la détresse de personnes particulièrement vulnérables et les conduisent parfois « aux portes de la rue ».
Selon la Fondation, des milliers de personnes chaque année subissent des fins de prise en charge par des institutions sans solution de logement à leur sortie, qu’il s’agisse de jeunes majeurs de l’Aide sociale à l’enfance, de personnes sortant de détention ou d’hospitalisation psychiatrique. Le rapport pointe le paradoxe entre des politiques de relogement du Gouvernement, et le fait qu'« il continue, d'un autre côté, à créer de nouvelles exclusions tous les jours ».
Selon une enquête de 2012 réalisée par la Fondation, « 19 % des personnes sans-domicile indiquent avoir perdu leur logement, quand elles en avaient un, suite à une hospitalisation ou une incarcération. 26 % des personnes sans domicile nées en France sont d’anciens enfants placés en protection de l’enfance. » Le rapport cite également une enquête nationale des maraudes des Samu sociaux selon laquelle deux personnes sans abri sur cinq souffrent de troubles psychiatriques. Le rapport précise bien qu'il n'est pas question ici de « s’immiscer dans les débats concernant le fonctionnement général du secteur psychiatrique (…), même si d’aucuns le désignent en "crise" ». Il est néanmoins légitime, souligne-t-il, de se préoccuper de la manière dont ces institutions « rencontrent le système du logement et le mettent à l’épreuve ». Pour l'association, « le virage ambulatoire n’a finalement pas été porteur de l’émancipation et de la réinsertion espérée dans la cité ».
Sans amalgamer tous ces sortants qui peuvent présenter des profils très différents, il est apparu pertinent à la fondation « d’analyser des parcours et des difficultés » à la sortie des institutions. Le rapport évoque des transitions rendues difficiles après l'hôpital, avec des phénomènes de stigmatisation, qui s’observent à tous les niveaux de prise en charge, et conduisent certains professionnels et les personnes elles-mêmes « à adopter des stratégies de contournement ».
La Fondation s'intéresse à différents programmes et solutions pour « en finir avec le scandale des sorties sèches ». Le « Logement d’abord » constitue notamment un levier essentiel, pour lequel des moyens suffisants doivent être déployés.
- 24e Rapport sur l'état du mal-logement en France. Fondation Abbé-Pierre, 2019. En téléchargement sur le site de la Fondation.
