Empowerment et santé physique : l’implication de tous

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Selon des données françaises récentes sur le sujet, les personnes souffrant de troubles psychiques ont une espérance de vie réduite entre 13 et 16 ans pour l’ensemble des diagnostics (1). Au-delà du suicide et des accidents, cette surmortalité est principalement liée aux maladies cardiovasculaires (tabagisme important), à une surexpression à des facteurs de risque et aux traitements psychotropes. Force est de constater que ces personnes restent à la marge du système de santé et paient le prix fort de difficultés à accéder aux soins, à la prévention et au dépistage et d’un suivi de moindre qualité.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait de la promotion de la santé physique un objectif du Plan santé mentale Europe 2013-2020 et une des missions du Centre collaborateur de Lille (CCOMS). Avec le Groupement de coopération sanitaire pour la recherche et la formation en santé mentale, le CCOMS a donc engagé une recherche originale visant à interroger toutes les personnes concernées : les usagers et les aidants, avec leurs savoirs expérientiels émanant de leur vécu du système de soin et des difficultés rencontrées, mais aussi les professionnels de terrain de la santé mentale (infirmiers, travailleurs sociaux, médiateurs de santé pairs…) et de la santé primaire (infirmiers libéraux, pharmaciens, médecins généralistes, dentistes…).

Baptisée «Copsycat», l’étude, coconstruite avec l’ensemble de ces acteurs, va recruter des répondants dans sept sites en France (2). L’objectif est de mieux cerner les lacunes du système de santé et d’en proposer une meilleure utilisation par l’ensemble des acteurs en favorisant leur prise de pouvoir. Dans un mouvement de démocratie en santé, il s’agit de mettre en avant l’empowerment des usagers par le canal de la recherche. Engagée pour une durée de 18 mois, cette recherche annoncera des résultats dès 2020.

1– Personnes suivies pour des troubles psychiques sévères: une espérance de vie fortement réduite et une mortalité prématurée quadruplée, M. Coldefy et C. Gandré, IRDES, Questions d’économie de la santé n° 237, septembre 2018.

2– CH La Chartreuse de Dijon, CH Guillaume Régnier de Rennes, EPSM Lille-Métropole d’Armentières, CESAME d’Angers, MGEN de Lille, CH de Rouffach et CASH de Nanterre.

Contact : Antoine Baleige, psychiatre, et Vincent Demassiet, consultant, président, Réseau français sur l’entente de voix, CCOMS, EPSM Lille-Métropole, abaleige@epsm-lm.fr