Des chercheurs du programme Dhune ont prouvé qu'un blocage chirurgical au niveau du cerveau chez des rats limitait efficacement la rechute addictive à la cocaïne après une période d’abstinence. Un travail qui ouvre de nouvelles pistes sérieuses pour le traitement des addictions.
Contrôler la dépendance à la cocaïne serait désormais chose réalisable. Pour y parvenir, une équipe de neurobiologistes de Marseille, au sein du programme de recherche Dhune (centre d’excellence sur les maladies neurodégénératives), s’est penché sur la question d’une éventuelle opération chirurgicale. Ils ont alors découvert qu’en bloquant une activité dite « anormale » liée à la consommation de cocaïne et logée dans une région du cerveau – appelée le noyau subthalamique (NST ), par lésion ou stimulation cérébrale profonde à haute fréquence, le corps ne ressent plus l’addiction et parvient à la maîtriser.
Dans les processus qui conduisent à devenir dépendant, la perte de contrôle sur la consommation (augmentation de la consommation en termes de dose et fréquence d’usage) est un point de départ. Il est donc important de comprendre les mécanismes cérébraux responsables de ces comportements. Pour suivre la démarche, l’opération a été testée sur des rats « addicts ». Ainsi, les chercheurs ont prouvé que ce blocage chirurgical limitait efficacement la rechute après une période d’abstinence. C’est durant la perte de contrôle de l’animal, que le cerveau génère un excès d’activité (au sein du NST). En
empêchant donc son développement, la sensation de dépendance diminue, suggérant une consommation contrôlée et plus stable.
Ces données publiées dans Molecular Psychiatry ouvrent des perspectives nouvelles dans le traitement de l'addiction. Ces résultats suggèrent que la stimulation cérébrale du NST appliquée à haute fréquence, comme ce qui est actuellement un traitement de la maladie de Parkinson, pourrait avoir une application intéressante chez les usagers de cocaïne dépendants qui rechutent souvent après des périodes d'abstinence.
- Subthalamic nucleus inactivation prevents and reverses escalated cocaine use, Pelloux Y, Degoulet M, Tiran-Cappello A, Cohen C, et al. Molecular Psychiatry, https://www.nature.com/articles/s41380-018-0080-y