Violences en établissement de santé : des signalements encore trop restreints

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En 2017, l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) a recueilli 22 048 signalements d’atteintes aux personnes et aux biens, provenant de 446 établissements (soit 7,71 % des établissements). Si le nombre global de ces signalements est en augmentation (+25,3 %), ces chiffres ne reflètent qu’une tendance, et surtout une meilleure remontée des signalements. Ceux-ci sont loin d’être exhaustifs puisqu’ils relèvent du volontariat, selon Vincent Terrenoir, responsable de l’ONVS. Le système est donc à revoir et un projet a été remis en ce sens à la Direction générale de l’offre de soins (DGOS).
Concernant les actes de violence signalés, les constats restent proches de ceux des années précédentes. Relevons ainsi que la psychiatrie (20 %), les urgences (16 %) et la gériatrie (court séjour, Unités de soins de longue durée (USLD) et Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad)) (12%), restent les services les plus touchés. Dans 19 % des cas d’atteintes aux personnes (2 % pour les biens), des troubles psychiques ou neuropsychiques ayant aboli le discernement sont évoqués. Notons que pour la première fois, le rapport publie 20 exemples de décisions de justice.
L’Observatoire présente également dans son rapport un focus sur la psychiatrie, où les remontées des signalements montrent un personnel « conscient de la particularité » de la discipline. Les soignants savent faire preuve de vigilance face à divers types de dangers auxquels eux-mêmes mais aussi les patients (parfois très jeunes) peuvent être confrontés. Si le partage d’expérience est essentiel, notamment des plus anciens vers les plus jeunes, le rapport qualifie « d’indispensable » une formation pratique à la gestion des violences verbales et physiques et pointe une « gêne avérée » à porter plainte contre un patient.
Dans sa conclusion, l’ONVS insiste sur l’intérêt et la nécessité de mettre en place des formations pratiques pour gérer ces situations de tensions verbales et d’agressions physiques, mais aussi pour mieux communiquer auprès des patients et des accompagnants. L’Observatoire rappelle enfin que des conventions entre les partenaires de la santé, de la sécurité et de justice peuvent être un moyen efficace pour lutter contre les violences, « si toutefois les acteurs institutionnels locaux s’efforcent réciproquement de nouer de réels liens de proximité et de comprendre les impératifs, les difficultés, les problématiques et le fonctionnement de chacun. »