Santé mentale en Europe : les soins en institution doivent être améliorés

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L’OMS/Europe a publié un nouveau rapport intitulé « Mental health, human rights and standards of care » (Santé mentale, droits de l’homme et normes de soins). Ce rapport évalue la qualité des soins dispensés aux adultes présentant des déficiences psychosociales et intellectuelles dans les établissements spécialisés de la Région européenne de l’OMS.

Au total, 75 établissements situés dans 24 pays  ont fait l’objet d’une évaluation à l’aide du kit QualityRights de l’OMS. Sur l’ensemble des évaluations qualitatives, 25 % seulement se sont révélées conformes aux normes internationales, ce qui signifie que les soins de longue durée en établissement spécialisé de la Région peuvent être nettement améliorés.

« Ces évaluations permettent d’avoir un aperçu de la situation européenne dans le domaine des soins en institution », a déclaré le docteur Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l’OMS pour l’Europe. « Leurs conclusions doivent être pour nous un important signal d’alarme : il faut en faire davantage pour garantir que les droits humains soient pleinement respectés dans les institutions, l’objectif ultime étant d’évoluer vers des modèles de soins de santé mentale différents et meilleurs ».

Ces évaluations ont été réalisées à l’aide du kit QualityRights de l’OMS, qui a permis de recueillir et de communiquer des données sur les normes liées à 5 thèmes de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées :

  1. le droit à un niveau de vie adéquat (article 28) ;
  2. le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible (article 25) ;
  3. le droit d’exercer la capacité juridique et le droit à la liberté et à la sécurité de la personne (articles 12 et 14) ;
  4. le droit de ne pas être soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ni à l’exploitation, la violence ou la maltraitance (articles 15 et 16) ;
  5. le droit à l’autonomie de vie et à l’inclusion dans la société (article 19).

Les évaluations ont révélé un certain nombre de problèmes majeurs.

– Premièrement, il y a déjà un manque de sensibilisation à la santé mentale et aux droits de l’homme, même au sein du personnel  une sous-estimation des droits fondamentaux des personnes vivant dans ces établissements.

– Deuxièmement, il n’y a pas d’approche humaine ou personnalisée. L’idée d’un plan de soins individualisé est inscrite dans la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées. C’est un concept important dans le domaine de la santé mentale, où, même si les personnes ont des déficiences importantes, on peut malgré tout élaborer un plan individualisé en vue d’une amélioration ou d’un rétablissement. Et cela fait souvent défaut dans ces institutions. En d’autres termes, les gens n’ont absolument aucun espoir et ne savent rien du parcours qu’ils sont en train d’accomplir ; au contraire, cela ressemble à un tunnel sans fin.

– Un autre aspect préoccupant qui ressort d’un certain nombre de ces rapports est qu’il y a peu ou rien à faire dans ces institutions et que les gens ne sont pas autorisés à faire des choses toutes simples qui nous semblent, à nous tous, parfaitement naturelles. Peu importe que vous viviez dans votre propre foyer ou dans un établissement de long séjour – vous devriez pouvoir prendre un téléphone et appeler votre famille, regarder la télévision ou trouver un endroit tranquille pour lire un livre. Souvent, il n’y a pas de place pour les plaisirs simples de la vie.

Les variations entre les sous-régions et les pays, voire à l’intérieur d’un même pays, ainsi qu’entre les 5 thèmes évalués étaient nombreuses. Du point de vue de la qualité, cela allait du parfaitement acceptable à l’absolument affreux, de sorte que les rapports renvoient une image complexe. Mais, en fin de compte, nous pouvons constater que chaque pays a des choses à faire pour améliorer son système de soins en établissement de santé mentale tout en s’efforçant de déménager le système de soins et de soutien hors de ces établissements.