Qui a peur des pratiques avancées ?

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Après des années d’attente, les décrets définissant l’exercice des Infirmiers de pratique avancées (IPA) devraient être publiés en juin. Ces infirmiers titulaires du diplôme d’État (IDE) devront donc suivre une formation universitaire spécifique de deux ans (grade master). À l’issue de deux premiers semestres, les étudiants IPA pourront choisir leur spécialité : pathologies chroniques stabilisées, prévention et polypathologies courantes en soins primaires ; oncologie et hémato-oncologie ; maladie rénale chronique, dialyse, transplantation rénale. Les domaines d’intervention de l’IPA sont des activités d’orientation, d’éducation, de prévention de dépistage d’évaluation et de conclusion clinique dans les parcours de soins. L’IPA est un maillon de la chaîne entre les soins de premiers recours, les spécialistes et les établissements de santé ou médico-sociaux.

Alors qu’en 2015 le projet de loi de santé précisait la coopération avec le médecin en évoquant des « missions » et un champ possible de « consultations », ces termes ont disparu des textes actuels. Les modalités de coopération entre le médecin et l’IPA seront établies par protocole… Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers (ONI), déplore donc un « recul progressif des textes (…) dès lors que la machine corporatiste de certains acteurs du monde médical s’est emballée. » Opposé à un texte « sans ambition, hors sol et si éloigné de la réalité des besoins du système de santé », il entend marquer l’opposition de l’Ordre « à une vision rétrograde, passéiste et pusillanime de notre système de santé. » Soumis au Haut conseil des professions paramédicales (HCPP), ces projets de texte ont été très majoritairement rejetés.
• Par ailleurs, initialement prévues dans les spécialités, la santé mentale et la psychiatrie ne figurent plus dans ces textes, ce qui indigne le Syndicat des professions de santé Coordination nationale infirmière (CNI) et bien sûr l’ONI. L’Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) favorable aux IPA, s’inquiète également : « Comment justifier cette décision alors que la diminution du nombre de psychiatres est programmée ? » Si les psychiatres, via le Conseil national professionnel de psychiatrie (CNPP), se félicitent « de voir la profession infirmière enrichie de perspectives de développement, notamment en psychiatrie », ils déplorent « de ne pas avoir été inclus dans le projet dès sa mise en route » et « des délais ultracourts » de concertation. Ils veulent donc être « partie prenante » d’un chantier qui devrait aboutir à un projet de formation d’IPA en psychiatrie et santé mentale « opérant pour la rentrée 2019 »

• A lire aussi : Mobilisation pour la pratique infirmière avancée en psychiatrie : https://www.santementale.fr/actualites/mobilisation-pour-la-pratique-avancee-infirmiere-en-psychiatrie.html