Philippe Lançon, chroniqueur à Charlie Hebdo, et journaliste pour Libération, a été gravement blessé le 7 janvier 2015, lors de l'attentat de Charlie. Sans colère contre les terroristes, il raconte dans "Le Lambeau", un roman de 500 pages, comment sa vie a basculé dans l'horreur. La scène de l'attentat d'une soixantaine de pages racontent les balles qui l'ont défiguré. Le livre couvre la période de janvier à novembre 2015, durant les mois de son hospitalisation à la Salpêtrière, où il a subi 17 opérations, et ensuite aux Invalides. De nombreuses références à la littérature jalonnent ce livre, de Proust, à Kafka, ou encore Thomas Mann.
"C'est un grand livre sur la santé française, sur nos services hospitaliers. À un moment, Philippe Lançon raconte que dans les jours qui suivent l'attentat, il a évidemment des blessures à la mâchoire mais aussi aux bras, aux jambes. Quand il prend sa douche, pour protéger ses plaies, on lui met des sacs poubelles. Sa compagne, qui est américaine, s'étonne : "Mais ils n'ont pas autre chose ?" Philippe Lançon écrit cette phrase : "L'hôpital était fauché". Ce verbe, "faucher", je l'ai trouvé abominable : comment se fait-il que nous, la sixième puissance au monde, nous puissions avoir des hôpitaux fauchés au point d'utiliser des sacs poubelles ?" explique Arnaud Viviant, pour France Inter.
Philippe Lançon, Le Lambeau, Ed. Gallimard, 2018