Quelles sont les pratiques d’accompagnement des assistantes sociales (AS) lors de l’orientation et de l’accueil de patients handicapés psychiques en Belgique ? Alors que 488 personnes sont concernées par cet « exode » en Seine-Saint-Denis (1), une recherche action a été menée par un groupe de travail de l’Établissement public de santé de Ville-Evrard (EPS VE) composé de huit AS, d’une éducatrice spécialisée exerçant dans six secteurs de psychiatrie adulte et enfant, de deux cadres socio-éducatifs, de la documentaliste et de la sociologue de l’établissement. L’étude croise des rapports, des questionnaires complétés par 37 AS et des entretiens avec des familles, des usagers et un psychiatre de pôle.
Si « un savoir-faire spécifique des institutions belges, plus éducatif que sanitaire, plus lieu de vie que lieu de soin, plus chaleureux et familial » est reconnu, tous les acteurs soulignent que la Belgique reste une « solution de dernier recours ». Le rapport relève alors le rôle de pivot de l’AS « pour la gestion de la circulation d’informations et la concrétisation des différentes étapes du projet. » Sa place apparaît privilégiée pour soutenir les personnes et les familles (consentement, culpabilité…), dans la mesure où l’AS doit tenir compte des contraintes concrètes (offre limitée de place dans les institutions, temps d’instruction des dossiers…) et ouvrir des espaces de choix et d’action pour les personnes (gestion de l’information, du temps, des dossiers à remplir et à envoyer…). Ce groupe de travail déplore le fait que l’évaluation de ces établissements réalisée par les autorités françaises ne soit pas communiquée aux familles et que de plus en plus d’établissements belges exigent une orientation Maison d’accueil spécialisée (MAS), financée par la Sécurité sociale, pour accueillir le patient, ce qui ne correspond pas toujours à son état de santé réel. Le dernier chapitre porte sur une question non pressentie au début des travaux mais qui a été soulevée lors des entretiens avec les usagers : après admission, il paraît nécessaire de maintenir le lien entre l’équipe ayant accompagné le patient vers la Belgique, la structure d’accueil, le patient et sa famille.
1– Au 31 décembre 2015, d’après le Rapport Cordery, Sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2017 – Tome III – médico-social. Assemblée nationale, n° 4151, 2016.
- Accompagner vers la Belgique : les pratiques professionnelles des assistantes sociales de l’EPS Ville-Evrard. Recherche action 2015-16 animée par A. Marques, 2018, à télécharger sur www.eps-ville-evrard.fr