A l’issue de la séance thématique du 11 avril dernier, « les nouvelles substances psychoactives toxicomanogènes et leur prise en charge », l’Académie nationale de pharmacie alerte sur la pénurie de moyens des CHU pour détecter les nouvelles drogues de synthèse.
La montée en puissance des nouvelles drogues illicites à la teneur élevée en molécules psychoactives est d’autant plus dangereuse qu’elle entraine des intoxications graves, voire mortelles. Or, d’une part, elles transitent par un cybermarché noir, haut lieu de la criminalité sur Internet, dont les réseaux cryptés sont difficilement repérables ; d’autre part, la modification structurale de ces molécules les rend indétectables par les tests de dépistage rapide qui marchent pour les molécules dont elles sont dérivées.
Or, la chromatographie couplée à la spectrométrie de masse haute résolution, qui seule permet de les mettre en évidence et de confirmer leur présence, n’est pas disponible partout en France !
• Plus de 170 cannabinoïdes de synthèse (CS) ont été identifiés à ce jour sur le marché européen des drogues illicites. Entre 2009 et 2016, 25 nouveaux opioïdes de synthèse dont 18 fentanyls ont été détectés en Europe. C’est la classe la plus nombreuse parmi les nouvelles substances psychoactives, en constante accélération depuis 2010. Avec une nouvelle drogue par semaine, le marché français n’échappe pas à ce phénomène.
• Le fentanyl aurait provoqué Outre-Atlantique 20 000 décès en 2016.
La santé publique est en danger. En effet :
• Ces substances sont plus addictogènes que les drogues traditionnelles et plus dangereuses en termes d’intoxications graves parfois mortelles, de dangers, pour l’utilisateur (désocialisation, mutilation, suicide, surdose), son environnement et la société (agressivité, mise en danger d’autrui)
• Environ 15% des consultations aux urgences suite à la consommation d’une drogue sont liées à une NPS, avec un tableau toxique associant signes adrénergiques (tachycardie, hypertension, agitation, mydriase), encéphalopathie (confusion, hallucinations)
Et les traitements sont inadaptés :
• Les prises en charge restent adaptées aux seules drogues « courantes » : cannabis, cocaïne, héroïne et amphétamines
• Aucune étude randomisée contrôlée n’a encore été menée pour évaluer l’efficacité des traitements pharmacologiques et/ou psychothérapiques chez des sujets présentant une addiction aux nouveaux produits de synthèse. Le traitement du sevrage aux nouveaux produits de synthèse reste purement symptomatique, comprenant des médicaments anxiolytiques, antalgiques et/ou hypnotiques. Il n’existe pas actuellement de traitement de substitution.
Source : communiqué de presse de l'Academie nationale de pharmacie