Recherches en cours sur la santé mentale à l’Irdes

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L'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes),  qui réunit une équipe multidisciplinaire – composée d'économistes, de sociologues, de géographes, de médecins de santé publique et de statisticiens – d'environ 30 chercheurs,  a une double mission de recherche appliquée et de production de données sur les champs de l'assurance maladie et du médico-social.  Il vient de publier son programme de recherche 2018-2020, qui a trois principaux axes de recherche :

– La performance de l'organisation des soins rassemble les travaux visant à étudier les évolutions de l'offre de soins. Il s'articule autour de trois grandes problématiques.

– La santé, la protection sociale et l'accès aux soins a pour objectif d'éclairer les questionnements en matière de demande et de recours aux soins et à l'assurance santé. Il se décline en quatre grandes thématiques.

– L’analyse des systèmes de santé et comparaisons internationales se déploie à travers les collaborations internationales, la participation de l'Irdes à des projets de recherche européens et l'accueil de chercheurs internationaux. Les travaux rassemblés dans cet axe visent à comparer des politiques de santé et leur performance afin d'identifier des idées nouvelles et des preuves solides qui permettront d'améliorer la performance du système de santé en France. L'Irdes s'attache également à contribuer pleinement aux débats sur les questions d'économie et de politiques de santé au sein de réseaux internationaux.

Dans le domaine de la santé mentale, l’Irdes mène deux recherches :

l’Atlas psychiatrie-santé mentale (PSYATLAS). La loi de modernisation de notre système de santé, publiée en janvier 2016, définit la nouvelle organisation territoriale du système de santé. Dans ce cadre, les Agences régionales de santé (ARS) doivent définir leur Projet régional de santé (PRS). Le PRS est constitué d’un cadre d’orientation stratégique à 10 ans, d’un schéma régional de santé établi pour 5 ans sur la base d’une évaluation des besoins sanitaires, sociaux et médico-sociaux et d’un programme relatif à l’accès à la prévention et aux soins des personnes les plus démunies. Il est élaboré et mis en œuvre à l’initiative des professionnels et établissements travaillant dans le champ de la santé mentale, à un niveau territorial suffisant pour permettre l’association de l’ensemble des acteurs (établissements de santé autorisés en psychiatrie, médecins libéraux, psychologues, ensemble des acteurs de la prévention, du logement, de l’hébergement et de l’insertion) et l’accès à des modalités techniques de prise en charge diversifiées. Le PTSM organise les conditions d’accès de la population à la prévention, aux  soins, à l’accompagnement et à l’insertion sociale.La thématique «psychiatrie-santé mentale » est inégalement investie et appropriée par les régions. Partant de ce besoin et avec le soutien du Bureau d’appui à l’évaluation et aux études régionales de la Drees, l’objectif de ce projet est de développer un outil utile aux ARS et aux acteurs de santé, pour élaborer les diagnostics territoriaux partagés en santé mentale et nourrir les projets territoriaux associés. L’atlas est réalisé en collaboration avec la Drees et l’ARS Paca et vise à alimenter les réflexions régionales en matière d’organisation de la prise en charge des troubles psychiques, en proposant un ensemble de données issues de sources nombreuses et variées (Sniiram, SAE, PMSI, enquête sur les établissements sociaux (ES), Insee…). Ce projet combine une approche à la fois nationale et régionale et vise à traduire les apports de la recherche en éléments opérationnels pour les acteurs de terrain.

La coordination des soins en psychiatrie : une approche par les réseaux (PSYCOORD). Le projet PsyCoord vise à objectiver et qualifier la coopération des professionnels de santé  autour de la prise en charge des troubles mentaux sévères et à l’appréhender comme un système responsable collectivement du parcours de soins des personnes et de sa qualité. Dans le champ des maladies mentales, la coopération des professionnels constitue un enjeu majeur en matière de prise en charge, à la fois entre la médecine générale et la médecine spécialisée (en ville et en établissement de santé), au sein de la médecine spécialisée (psychiatrie libérale, publique, et entre services publics) et entre les champs sanitaires et médico-sociaux. La plupart des études sur les services de santé abordent les différents acteurs séparément, indépendamment des liens qui peuvent se nouer entre eux. Or, un patient chemine entre plusieurs acteurs au cours de son parcours de soins. Un événement de soins va être la résultante de l’ensemble des interventions des différents acteurs. Le but ici est donc de raisonner en termes de réseaux et d’interactions entre ces acteurs et de mesurer l’effectivité de la coordination des soins, de l’articulation entre soins hospitaliers et soins ambulatoires, entre soins spécialisés et soins primaires, et d’analyser la place des différents acteurs professionnels dans ces réseaux. Une fois ces réseaux construits et caractérisés, le projet vise à évaluer la qualité des soins associée, envisagée comme la résultante des actions collectives des acteurs intervenant dans le parcours de soins de la personne. La psychiatrie est mobilisée ici comme champ d’exploration de méthodes innovantes de révélation et d’analyse de réseaux de soins entre professionnels. Deux groupes pathologiques qui diffèrent en termes de type de parcours seront étudiés : les troubles sévères de l’humeur et les troubles schizophréniques.

L’Irdes propose par ailleurs la recherche suivante :

Évaluer l’impact de la coopération entre médecin généraliste et infirmière dans le cadre de l’expérimentation Action de Santé Libérale En Equipe (Asalee) – Doctor and Advanced Public Health Nurse Experiment Evaluation (ASALEE). Asalee est une expérimentation de coopération entre médecins généralistes (MG) et infirmières (IDE) qui s’est déployée en différentes phases depuis 2004. En juin 2012, un protocole de coopération (délégation d’actes/activités de médecins vers des paramédicaux), «article 51 » de la loi HPST 2008, a été proposé par Asalee et autorisé. Ce protocole concerne deux dépistages (troubles cognitifs et broncho-pneumopathie chronique obstructive du patient tabagique), deux suivis de pathologies chroniques (diabète et risque cardio-vasculaire) et la prescription/réalisation d’actes dérogatoires (électrocardiogramme, spirométrie, examen du pied -monofilament). On recensait dans Asalee, au 31 juillet 2015, 835 généralistes (MG) et 237 infirmières (IDE). L’objectif d’Asalee, centré initialement sur l’amélioration de la qualité des soins dispensés, se double, dans le cadre contractuel actuel, d’une économie de temps MG. L’hypothèse sous-jacente est celle d’une substitution d’activité entre MG et IDE, c’est-à-dire du transfert d’une part de l’activité MG vers l’IDE (dont le coût du travail est moindre). L’économie de temps médical équivaudrait à 72 à 80 jours par an pour un ETP IDE pour 5 MG. Cette hypothèse s’accompagne de nombreuses hypothèses sous-jacentes qui ont été explicitées dans le cadre de l’évaluation et qui doivent être documentées (e.g. substituabilité parfaite entre MG et IDE, allocation parfaite du temps MG économisé ; qualité des soins et services rendus).