Suite à la parution de la Une de la Provence du 5 Septembre 2017 dernier, intitulé Barjots, Schizo et les autres : comment la société les gèrent ?, illustré d'une photographie mettant en scène une personne soumise au port d'une camisole, un grand nombre de personnes en souffrance psychique et leurs familles se sont senties offensées et ont pris l'initiative pour réagir et agir comme le démontre la mobilisation autour de la pétition mise en ligne par l'association les Nomades Célestes, le 9 Septembre dernier.
L'association Les Nomades Célestes, avec différents acteurs travaillant au quotidien auprès de personnes en situation de souffrance psychique, publie un article via son site internet pour éclairer le débat relatif à l'accompagnement et à la compréhension des problématiques de santé mentale et répondre à des points clés :
– La société ne « gère » pas des personnes. Tout comme les structures ne « gèrent» pas les malades mais les « accompagnent » pour répondre à l'aide sollicitée soit par elle-même soit par leur famille.
– Il n'y a aucun lien statistique entre actes meurtriers et le diagnostic de schizophrénie, bien au contraire, l'étude The predictive value of risk categorization in schizophrenia, publiée en 2011, montre que les personnes concernées ne sont pas plus dangereuses que le reste de la population. Par ailleurs, si les personnes en situation de souffrance psychique sont surreprésentées en prison, c’est généralement pour des délits mineurs jugés en comparution immédiate.
– Le port de la camisole, qu'elle soit physique ou médicamenteuse est une pratique contraignante qui représente une réduction significative de liberté nécessitant un cadre médical, législatif et institutionnel pour un temps réduit. En outre, le traitement médicamenteux négocié n'a aucun rapport avec la camisole chimique.
– Rappelons que la France est l'un des pays d’Europe dont les hospitalisations obligatoires sont en augmentation, comme le démontre l’étude de la démographe Magali Coldefy publié en 2017. Par ailleurs, l’espérance de vie des personnes souffrant de schizophrénie est réduite de dix à vingt ans par apport à l’ensemble de la population. Faits mis en lumière par l'étude réalisée par des chercheurs de l'université d'Oxford, publiée en 2014 dans la revue World Psychiatry.
Cet article, dont La Provence n'a pas voulu se faire l'écho, est l'occasion de mettre en valeur le travail considérable réalisé par des structures associatives et des collectifs du terrain qui créent et amènent des solutions alternatives innovantes dans le domaine de la « santé mentale » avec l’implication des personnes concernées.