Transmissions écrites : l’angoisse de la page blanche

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Exerçant en psychiatrie, l'infirmière SuzyQ s'interroge dans son blog sur la profession, la façon d'exercer les soins, le quotidien des équipes… Thème du jour : les transmissions écrites. Comment les rédiger ?… Sont-elles utiles ? Pourquoi les infirmières ont-elles tant de mal avec l'écrit ? Si elles sont une obligation elles pêchent encore trop souvent par leur pauvreté clinique…
 
(…) Ce jour-là nous n'étions que deux en service au lieu des trois IDE habituels. La troisième s'était faite porter pâle pour cause d'enfant malade. Autant le dire tout de suite, le rythme était soutenu. Les deux psychiatres du service étaient présents ainsi que l'interne et bien entendu chacun demandait à être accompagné d'un IDE. C'est drôle mais quand j'écris ça, j'ai l'impression d'écrire une oeuvre de science fiction, d'être une sorte de Philip K Dick du soin, tant aujourd'hui en 2017 avoir 3 médecins dans un service de 25 lits semble délirant. Nous travaillons la plupart du temps sans aucun doc et de temps à autre quand l'un se déplace c'est uniquement pour régler le plus urgent…  ça peut sembler ubuesque et déconnant mais believe me or not, admission ou pas, état de crise ou pas, la présence d'un médecin dans un service de soin est aussi rare que celle d'un castor bionique dans ma cuisine. Alors en ce jour tendu, j'avais bien des difficultés à contrôler mes nerfs quand Jérôme prenait cette pseudo-agitation  avec la philosophie du mec qu'en a déjà vu d'autre.
 
Plusieurs admissions s'étaient succédées et après avoir maintenu à flot tant que bien que mal notre barque soignante, l'heure étaient venue après le dîner des patients de se poser derrière l'ordi old school du service pour saisir nos trans. J'étais là – tournant au ralenti – incapable de saisir par écrit l'étrangeté de ce patient qui avait débarqué chez nous pensant venir pour une simple consult' et qui à présent se trouvait bloquer ici en SPDT (soins psychiatriques à la demande d'un tiers). Mon cerveau était comme ramolli, nous avions couru tout l'après midi d'un bout à l'autre du service et là enfin posée je n'arrivais pas à rassembler mes idées pour faire un résumé objectif et contributif au soin. Et puis je sentis sa présence dans mon dos. Non pas celle du patient mais celle de Jérôme, beau gosse nonchalant, dont la carrure de rugbyman rassurait les membres de l'équipe. Déjà que je n'avançais pas mais alors là me sachant observée j'étais incapable d'aligner deux mots. (…)
–  ATV? me demanda-t-il
– Quoi?
– ATV, répéta-t-il pour Angoisse de la Trans Vierge.
(…) Lire la suite sur le blog de SuzyQ
 
(Photo YJ-Lee)