De nombreuses études ont mis en évidence une surmortalité des personnes souffrant de troubles mentaux (TM), quelle que soit la nature de ces troubles. Dans cette étude, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire explore les causes initiatles (CI) des décès associés à l’existence de troubles mentaux (TM), mais également les causes associées. Un travail qui souligne l'importance de prendre soin de la santé physique des patients, et la nécessité de développer des actions de prévention notamment du suicide, mais aussi des risques cardiovasculaire, respiratoire et métabolique.
Ce travail, réalisé à partir des bases de données du CépiDc-Inserm (Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès de l'Inserm), a permis de décrire la mortalité des personnes souffrant de TM (hors démence de la maladie d’Alzheimer) et son évolution sur 14 années (2000-2013) en France. 783 403 décès avec mention de TM ont été enregistrés sur cette période, représentant en moyenne 55 957 décès annuels et 10,3% de l’ensemble des décès survenus. Dite « en causes multiples », elle porte à la fois sur les causes initiales (CI) et sur les causes associées des décès.
Les taux de décès avec TM standardisés sur l’âge ont baissé globalement (-15,1%) sur l’ensemble de la période. Pour les hommes comme pour les femmes, l’âge moyen au décès était particulièrement bas pour la schizophrénie (respectivement 55,9 ans et 67,6 ans) et pour les TM liés à l’alcool (respectivement 59,4 et 60,7 ans).
Le TM figure en cause initiale (CI) du décès dans un tiers des cas en moyenne, plus souvent pour les TM organiques (49,0%) que pour les TM non-organiques (18,3%). Parmi ces derniers, ce sont les TM dus à l’alcool et la schizophrénie qui figurent les plus souvent en CI du décès (respectivement dans 25,3% et 23,7% des cas). Le décès à un âge en moyenne plus jeune (60 ans) permet de penser que ces personnes présentent moins de comorbidités au moment du décès que celles décédées à un âge plus avancé, et que leurs TM ont été de ce fait davantage considérés comme à l’origine du processus qui a conduit au décès.
La contribution à la mortalité avec TM est, chez les femmes, la plus forte pour la mortalité avec mention de TM organiques ; chez les hommes, elle est la plus élevée pour la mortalité avec mention de TM dus à l’alcool. Cette dernière concerne un nombre moyen de 12 000 décès par an, et figure en CI de décès pour environ 3 000 décès/an (2 450 décès masculins et 600 décès féminins).
Lorsque le TM est mentionné autrement qu'en CI, les causes cardiovasculaires (27,3%), les cancers (18,1%) et le suicide (11,1%) occupent les trois premières places dans la mortalité, et on observe également une part plus importante de maladies digestives, respiratoires et de causes externes (voir tableau).
Pour les chercheurs, ces résultats soulignent toute l’importance, chez les personnes souffrant de TM, de prendre soin de leur santé aussi bien mentale que physique, ainsi que de la nécessité de développer auprès d’elles des actions de prévention, en particulier du suicide mais portant aussi sur les facteurs de risque notamment cardiovasculaire, respiratoire et métabolique (tabac, alcool et autres addictions, sédentarité, facteurs nutritionnels…)..