En milieu professionnel, les conduites addictives peuvent avoir de graves conséquences sanitaires, rappelle l’Académie nationale de médecine. Dans un rapport, elle présente tout d’abord un état des lieux, pointant que ces conduites engagent la responsabilité de l’entreprise en cas d’accident. Les prévalences d’usage des substances psychoactives en population générale sont précisées. Selon l’enquête du « baromètre santé 2014 », les consommations des substances psychoactives chez les actifs occupés sont plus faibles que chez les demandeurs d’emploi pour les drogues licites (alcool p<0,05 ; tabac p<0,001), et illicites (cannabis par exemple p<0,001). En ce qui concerne les médicaments psychotropes, on note une consommation beaucoup plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Trois milieux professionnels sont concernés par des niveaux élevés de consommations de ces substances : le bâtiment et les travaux publics, le secteur englobant les arts, les spectacles et les services récréatifs, ainsi que celui de l’hébergement et de la restauration. Pour l’entreprise, les conséquences sont des pertes de production, un absentéisme, un déficit d’image, des accidents du travail.
Dans ce contexte, l’Académie nationale de médecine rappelle le rôle essentiel du médecin du travail « conseiller, garant du (…) secret médical et artisan majeur de la prévention » et recommande :
– la réalisation en milieu professionnel d’actions collectives d’information et de sensibilisation sur les dangers des drogues licites et illicites qui s’appuient sur les résultats d’enquêtes de prévalence à partir de dépistages anonymes et aléatoires des consommations dans l’entreprise. Les modalités de mise en œuvre de ces campagnes doivent être inscrites dans le règlement intérieur et la fiche d’entreprise. Un tableau de bord santé, protégé par l’anonymat, doit être présenté en CHSCT ;
– des actions individuelles auprès des personnels occupant des postes mettant en jeu la sécurité individuelle ou collective. Le médecin du travail doit être chargé d’assurer un contrôle garantissant l’absence de consommation d’alcool ou de substance illicite par ces personnels ;
– le renforcement des missions d’information et d’éducation des milieux professionnels œuvrant dans le champ de la santé et de l’éducation.
- Addictions en milieu professionnel. Rapport de l’Académie nationale de médecine, 10 oct. 2017, www.academie-medecine.fr