La consommation de médicaments codéinés seuls ou en association tend à augmenter sur les dix dernières années dans diverses classes d’âge. À partir de 2013, un ensemble de signaux ont alerté sur des achats et usages inhabituels de spécialités codéinées par des adolescents et jeunes adultes.
La codéine est retrouvée dans des spécialités pharmaceutiques antitussives sous forme de sirop, comprimés ou gélules et dans des spécialités antalgiques (comprimés) accessibles sans ordonnance. À partir de 2013,
un ensemble de signaux ont alerté sur des achats et usages inhabituels de spécialités codéinées par des adolescents et jeunes adultes. Parfois associés à des médicaments antihistaminiques, il est apparu à l’époque, que ces codéinés étaient dilués dans du soda pour former la boisson connue sous le nom de Purple drank. Cette appellation semble aujourd’hui avoir été délaissée par les jeunes au profit d’autres noms comme Lean, Codé, Codé Sprite ou Cocktail bleu (signalé à Marseille).
La recette de fabrication du Purple drank popularisée dans les années 1990 aux États-Unis, a connu une nouvelle diffusion par le biais d’Internet. Elle a également été relayée par les médias, y compris en France.
Des conséquences très peu connues
À court terme, des effets secondaires repérés sont une altération de la qualité du sommeil, des problèmes de transit, des démangeaisons (si les codéinés sont consommés sans antihistaminique). Des troubles plus importantsont été observés à l’occasion d’hospitalisations : troubles de la vigilance (somnolence) ou du comportement (agitation, confusion, ébriété…), crises convulsives généralisées.
À plus long terme, l’usage détourné de médicaments codéinés peut entraîner une accoutumance voire une dépendance. Le risque de surdose (dépression respiratoire) est également majoré par le mélange des molécules et la consommation d’alcool. L’ANSM indique deux cas de décès de jeunes consécutifs à l’abus de ces médicaments survenus en 2017 à la mi-année.
Il semble que ces conséquences soient peu connues des jeunes consommateurs, en partie parce que les substances consommées sont des médicaments. À l’image de ce que l’on observe dans la littérature, il est possible que l’usage détourné des spécialités consommées n’éveille pas de crainte pour une partie des jeunes qui les perçoivent comme des produits de santé visant le traitement d’une maladie, préparés en laboratoire, vendus en pharmacie et ayant fait l’objet d’une série de tests avant d’être mis sur le marché
La présente note propose un état des lieux des données disponibles sur ces consommations médicamenteuses par les jeunes
Les usages détournés de médicaments codéinés par les jeunes – Les observations récentes du dispositif TREND, Agnès Cadet-Taïrou, Maitena Milhet, Observatoire des drogues et toxicomanies – Note n° 2017-03