Le dixième numéro de Drogues, enjeux internationaux aborde un sujet sensible, le captagon, une drogue qui a défrayé la chronique en France et dans d'autres pays après les attaques terroristes de novembre 2015. Qu'est-ce que le captagon ? Où est-il produit ? Les djihadistes de l'Etat islamique en consomment-ils avant de passer à l'acte ?
Captagon : déconstruction d’un mythe
Conclusion de ce rapport : La question du captagon ressemble à une équation à plusieurs inconnues propices aux fantasmes et aux supputations. Cependant, des certitudes permettent de dissiper diverses contrevérités. Ainsi, le captagon qui circule actuellement sur des marchés de consommation situés, quasi exclusivement, dans la péninsule Arabique n’a plus aucun rapport avec le médicament éponyme, qui fut prescrit légalement dans divers pays. Ce que l’on appelle captagon à l’heure actuelle n’est, dans l’écrasante majorité des cas, et hormis les classiques « arnaques », qu’un « nom de rue » supplémentaire pour l’amphétamine, laquelle circule également sur les marchés européens sous celui de speed.
Ce produit, relativement banal, était fabriqué jusque dans les années 2000 par des filières balkaniques, bulgares et turques principalement, spécialisées dans la synthèse de l’amphétamine et sa transformation en comprimés. Comme en témoignent les saisies conjuguées de précurseurs, d’amphétamine et de produits finis, il apparaît que du fait de l’action policière une partie de la production s’est relocalisée au plus près des marchés de consommation et notamment au Liban. Ce processus s’est inscrit au Moyen-Orient dans le contexte violent de l’éclatement de la guerre civile en Syrie et de la désintégration de l’Irak, notamment sous les coups des armées djihadistes. La conjugaison de ces événements a contribué à alimenter une série de rumeurs et d’allégations plus ou moins fausses sur fond de propagandes de guerre. La moindre de ces allégations n’étant pas que le « banal » captagon ne constituerait rien d’autre que la « drogue des djihadistes », la substance par excellence des combattants de Daech et, par extension, de ses affidés occidentaux et notamment français, ce que les éléments objectifs ont jusqu’à présent régulièrement démenti.









