Une enquête précise les attentes des usagers de la psychiatrie

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L'Unafam dévoile les résulats d'une enquête réalisée en ligne sur les attentes des usagers de la psychiatrie pour la défense de leurs droits et intérêts.

Depuis sa création en 1963, les bénévoles de l’Unafam (Union nationale des amis de familles de personnes malades et/ou handicapées psychiques) assurent la représentation des familles ainsi que des personnes malades qui ne sont pas en état de se défendre par elles-mêmes du fait de leur maladie. 2 250 représentations ont été assurées par l’Unafam sur l’ensemble du territoire en 2015 au niveau départemental, régional et national dans les instances médicales, médico-sociales et sociales.

Le nombre de ces mandats étant exponentiel (+ 50 % entre 2014 et 2015), l’Unafam a voulu s'assurer que les positions qu’elle défend correspondent bien aux attentes des personnes concernées par la maladie psychique et de celles des familles. Elle a donc menée une enquête en ligne avec le concours de Médiaprism auprès de 12 000 familles de l’Unafam, dont 2 807 ont répondu.

L'association publie les résultats sur son site et en dégage les grandes lignes :

– Des progrès à faire en matière d'information : moins d'un tiers des familles connait les instances de défenses des intérêts des usagers (Commission départementale des usagers et Commission départementale des soins psychiatriques) et seules 17% sont informées de l’existence d’associations pouvant les accompagner.

– Le délai de prise en charge en psychiatrie jugé trop long pour 61 % des familles. Dans 37 % des situations il est estimé à plus de 3 ans.

– L'hospitalisation du patient reste une expérience douloureuse. La perception de la prise en charge dépend fortement du type de prise en charge (question posée aux personnes qui ont jugé la prise en charge inadaptée) :

• Les pompiers, la police ou la gendarmerie ne semblent pas toujours être les mieux formés pour gérer ces situations alors qu’ils sont souvent les seuls à accepter d’intervenir en urgence.
• 31 % des familles déplorent l’absence de personnel qualifié (psychiatres, psychologues) dans les centres hospitaliers non spécialisés.
• A noter également, 14 % des proches estiment qu’il n’y a pas eu de prise en charge
Les proches estiment également que si sur le long terme, l’hospitalisation sans consentement semble avoir un impact plutôt positif sur les relations entre la personne malade et sa famille,  malgré tout cela reste une expérience dure à vivre pour les deux parties : 37 % des proches estiment que les relations « ont été difficiles mais depuis, se sont détendues » ; 27 % qu’elles « sont restées identiques à ce qu’elles étaient auparavant » et 23 % qu’elles se sont améliorées.

– La sortie de l'hôpital est insuffisament anticipée : dans 70 % des cas les familles sont prévenues moins d'une semaine avant, 20 % le jour même.

– Le suivi  s’arrête trop souvent aux médicaments. Seule 1 personne hospitalisée sur 2 se voit proposer des soins autres que des médicaments.

– L'accès au logement et à des accompagnements doit s'améliorer pour que la personne malade reste autonome.

– L'accès aux activités sociales et/ou à un emploi reste minoritaire ce qui entrave la citoyenneté. Parmi les personnes en âge de travailler (entre 26 et 55 ans) : 19 % des familles nous ont déclaré que leur proche avait un emploi. Cet emploi est majoritairement un CDI en milieu ordinaire. D’autre part , les familles déclarent que plus de 36 % des malades n’ont pas pu maintenir leur activité professionnell

En ce qui concerne les activités sociales, 36% seulement des familles déclarent que les personnes malades ont une activité sociale. Ces activités sont avant tout culturelles, sportives et artistiques. A noter le principal frein à l’activité sociale est intrinsèque à la maladie : « le manque d’envie » et « les angoisses». Seulement 1/3 des familles estime que leur proche malade est inséré socialement

– Des progrès restent à faire en matière de déstigmatisation : 88 % des proches jugent qu'au sein de la société actuelle, les malades et les proches sont stigmatisés.