Le tribunal correctionnel de Grenoble (Isère) a requis le 8 novembre 18 mois de prison avec sursis contre le docteur Lekhraj Gujadhur. Le psychiatre avait autorisé en novembre 2008 la sortie dans le parc de l'établissement de Jean-Pierre Guillaud, un patient schizophrène hospitalisé au CH Alpes Isère, à Saint-Egrève. Ce patient en avait profité pour s'échapper, acheter un couteau, puis tuer Luc Meunier, étudiant de 26 ans présent au mauvais endroit au mauvais moment. S'en était suivi un long parcours judiciaire, qui devrait s'achever le 14 décembre 2016, la cour ayant renvoyé sa décision en délibéré à cette date. "Elle devrait sans surprise confirmer les condamnations, voire les réduire", prédit Me Denis Dreyfus, avocat de l'établissement, qui est lui condamné à 100 000 euros d'amende avec sursis. "La direction a changé après les faits et le directeur actuel, Pascal Mariotti, a clairement reconnu la responsabilité morale et les dysfonctionnements de l'établissement", poursuit l'avocat, qui évoque les excuses présentées par le directeur à la famille de la victime au cours de l'audience.
Un psychiatre ayant autorisé la sortie d’un patient schizophrène risque de la prison avec sursis
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Pour Me Jean-Yves Balestas, avocat de Lekhraj Gujadhur, la condamnation pénale d'un psychiatre hospitalier est choquante. "Il est reproché à mon client d'avoir autorisé la sortie dans le parc du patient, comme s'il avait mis l'arme dans la main du patient !" tempête-t-il. Il reconnaît la possibilité d'une faute, qu'il conteste, mais pas le qualificatif d'homicide involontaire. "Ou bien, il faut enfermer tous les psychopathes plutôt que de les soigner, ce qui n'est ni possible ni souhaitable", poursuit Jean-Yves Balestas, insistant sur le drame vécu par son client, ayant notamment mis fin à sa carrière après les événements. Selon l'avocat, la responsabilité relève du juge administratif, pour faute dans l'organisation des soins de la part de l'établissement. Pour Denis Dreyfus, "il y a deux responsabilités cumulées. Celle du médecin, pour insuffisance de lecture du dossier du patient, indépendamment de l'hôpital. Et celle de l'établissement, pour le défaut de filtrage à l'entrée du bâtiment, qui a permis au patient de s'échapper. Pour moi, la causalité de la décision médicale est prépondérante sur le défaut de filtrage à l'entrée".
Bruno Decottignies, Hospimédia du 9 novemebre 2016