Le 17 novembre, l'émission "La marche de l'histoire", sur France Inter, était consacré à l'expérience de Saint-Alban.
C’était un pauvre village du Gévaudan. On peut y arriver par un autocar improbable venu de la gare de Saint Chely d’Apcher. Ou bien à pied. Comme l’a fait en 1940 le docteur Tosquelles. Et ce qu’il va dire et faire à Saint-Alban mérite l’attention…
C’était un hôpital psychiatrique. Un décret de 1937 avait imposé le mot. Réfugié républicain catalan, Tosquelles préfère dire : asile. Asile signifie hospitalité. Et vers Saint-Alban, en ces années de guerre, convergent les déplacés de Ville-Evrard puis bien des personnes qui ont besoin d’un refuge. On a dit de la Lozère de cette époque qu’elle était devenue un jardin d’Israël. Tristan Tzara, Georges Sadoul, Denise Glaser se sont dissimulés à Saint-Alban. Et, l’hiver 43-44, Paul Eluard avec sa femme, Nusch. Les résistants se récitaient alors le poème qu’il avait voulu lui dédier mais où il avait finalement remplacé son nom par le mot « liberté » : « Sur mes cahiers d’écolier /sur mon pupitre et les arbres/ Sur le sable et la neige/J’écris ton nom… »
A Saint-Alban, la guerre puis l’occupation avaient brouillé les vieilles frontières. Il n’y avait plus d’un côté, eux, et nous, de l’autre. Les hommes libres ne l’étaient plus vraiment, les malades à certains égards l’étaient davantage. La folie pouvait dire son mot. Les circonstances permettaient de jeter sur la table des hypothèses nouvelles. Et si une autre conception de l’institution-hôpital pouvait être une part déterminant du traitement ?
Ainsi, dans un des plus beaux départements de France, se formula une des plus belles expériences de la psychiatrie.