Les acteurs de la santé mentale souhaitent un décloisonnement des parcours de soins

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" 2017, quels défis pour la santé mentale ?" Tel était l'intitulé d'un colloque réunissant le 10 novembre des acteurs de la santé mentale issus des secteurs sanitaire, social et médico-social. Décloisonnement, coordination des parcours, promotion de la santé mentale, formation et information étaient les maîtres-mots de cette journée.

L’Uniopss (1), l’Adesm (2) et Santé mentale France ont organisé ce 10 novembre à Blois (Loir-et-Cher) un colloque intitulé "2017, quels défis pour la santé mentale ?" dont l’objectif était de formuler des axes d’amélioration sur ce sujet. Trois axes de travail ont mobilisé les participants lors des tables rondes et ateliers : les conditions de réussite des avancées inscrites dans la loi de modernisation du système de santé en matière de santé mentale, l'ancrage territorial de la santé mentale et les populations présentant des vulnérabilités particulières (accès et continuité des soins, logement, travail, addictions). Les propositions issues de ces travaux de réflexion ont été restituées dans la foulée, en présence de la secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion, Ségolène Neuville.

Promouvoir la santé mentale

Des différents ateliers se sont dégagées des tendances communes. À commencer par une volonté de décloisonnement entre les secteurs social, médico-social et sanitaire, notamment à travers des formations communes aux trois secteurs, éventuellement ouvertes aux patients et à leurs proches. Et ce pour mieux coordonner les parcours des personnes nécessitant un accompagnement relevant des trois secteurs et éviter les discontinuités de parcours. "Le social ne doit pas être la portion congrue de la prise en charge", a insisté Pascal Mariotti, président de l'Adesm, présentant les conclusions du premier atelier. La crainte étant qu'une fois sorties de l'hôpital, les personnes vulnérables se retrouvent livrées à elles-mêmes. Plus largement, la promotion de la santé mentale au sein de la société est considérée comme prioritaire, "auprès des chefs d'entreprises, des bailleurs, des journalistes", d'après Jean-Claude Matha, président de l'Unafam (3) de l'Essonne, restituant les travaux du deuxième atelier. Et ce "pour un meilleur retour à la cité". La reconnaissance effective des droits des personnes en situation de handicap psychique, "citoyens de plein droit", était également très présente, notamment concernant l'allocation adulte handicapée (AAH) dont ne bénéficient pas certaines personnes éligibles, leurs handicaps ne leur permettant pas d'en faire la demande.

Former les généralistes à la psychiatrie

Concernant la prise en charge en psychiatrie, "le délai avant premier rendez-vous ne devrait jamais dépasser quinze jours", poursuit-il, et les centres médico-psychologiques devraient "aller vers le malade", plutôt qu'attendre que celui-ci se manifeste. Notamment via des équipes mobiles qui permettraient de lutter également contre les problèmes croissants de répartition de l'offre. Et si, selon Pascal Mariotti, l'offre doit découler des besoins diagnostiqués à l'échelle du bassin de vie et non des institutions, celles-ci ont à jouer un rôle de pilotage. "Les ARS doivent jouer un rôle de facilitateur, les acteurs de la santé mentale doivent y avoir un référent", selon Jean-Claude Matha. Parmi les autres propositions, ont été cités la volonté de dégager du temps de formation et d'information pour les professionnels, la formation obligatoire des généralistes à la psychiatrie et le renforcement du dialogue entre médecine généraliste et psychiatrie. Le rôle des généralistes apparaît d'autant plus important concernant les troubles liés aux parcours d'addiction, familiaux et la précarité sociale, rappelle Christian Laval, sociologue participant au programme de recherche évaluative "Un chez soi d'abord", et restituant les travaux du troisième atelier. Il pose également la question du rôle des usagers-experts, comme ressources auprès des professionnels.

L'ensemble des propositions issues de ces ateliers, auxquelles a fait globalement écho le discours de clôture de Ségolène Neuville, feront l'objet d'un document par la suite transmis au Gouvernement.

Bruno Decottignies, Hospimédia du 14 novembre 2016

(1) Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux

(2) Association des établissements participant au service public de santé Mentale

(3) Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques