Dix-sept organisations infirmières signent une tribune commune pour l’amélioration de leur exercice

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Condition d'exercice, investissement dans leurs études, risques psychosociaux ou encore reconnaissance financière. Dix-sept formations infirmières, syndicats et associations de professionnels et d'étudiants, ont signé le 7 novembre une tribune commune, rappelant les revendications de la profession. Un geste fort en lien avec la grève de ce 8 novembre.

Dix-sept organisations syndicales et associatives* de la profession infirmière ont décidé de s'unir pour dénoncer d'une même voix "le mépris et le manque de reconnaissance dont la filière est victime". Ce 8 novembre, jour de mobilisation générale, les infirmiers ont souhaité dresser un état des lieux de leur profession et présenter leurs propositions communes pour son avenir, "bien au-delà de clivages corporatistes ou de divergences de vue". Ils signent une tribune regroupant six revendications fortes.

Bienveillance et respect

La première d'entre elles est l'exigence d'une sécurisation de leur exercice, quel que soit le secteur d'activité. Après plusieurs suicides et agressions pendant l'été, les infirmiers demandent un encouragement et une aide pour les démarches de dépôts de plainte. Deuxième revendication : améliorer les conditions d'exercice pour garantir la qualité et la sécurité des soins. Une exigence qui fait écho au constat d'une "forte dégradation des conditions d'exercice" liée aux "exigences de réduction des dépenses de santé". L'ensemble des formations signataires propose par conséquent la révision du plan triennal de maîtrise des dépenses de l'assurance maladie. Cela passe aussi par l'attribution de fonds permettant aux établissements de soins de mettre en place des effectifs proportionnels aux charges de travail, ainsi que le remplacement de l'absentéisme et la gestion de postes aménagés. Les infirmiers prônent la restauration des espaces de dialogue et la création d'une "gestion bienveillante et respectueuse des soignants" au sein des établissements. Suivi médical attentif des professionnels de santé, développement de la prévention des risques psychosociaux avec accompagnement financier pour en garantir l'effectivité, et reconnaissance de la pénibilité professionnelle font aussi partie de cette revendication.

Investir dans la formation des infirmiers

Les formations infirmières estiment en outre que, pour permettre aux quelque 600 000 infirmiers français de jouer pleinement leur rôle de professionnels de santé, il est impératif de "retirer tout projet d'exercice partiel de la profession infirmière et de séquençage de l'activité", transposition des directives européennes déjà rejetée par le Haut Conseil des professions paramédicales. Il est aussi urgent de lancer les travaux sur la pratique avancée et d'inclure systématiquement les professionnels de la filière infirmière dans les concertations sur les sujets de la santé publique "au même titre que les médecins". Pour l'ensemble de la profession, il s'agit aussi de demander plus d'investissement dans la qualité de leur formation, "gage de pérennité de la qualité des soins". Donner aux encadrants un temps dédié afin d'effectuer le suivi des étudiants, créer un statut de maître de stage pour les infirmiers libéraux, finaliser les travaux de réforme de la gouvernance des instituts de formations paramédicaux, aligner les bourses des formations sanitaires et sociales, relancer rapidement les travaux de réingénierie des formations des infirmières de bloc opératoire (Ibode), de puériculteurs et de cadre de santé, et enfin mettre en place des spécialisations en santé mentale, en santé au travail et à l'éducation nationale, sont aussi des points de revendication.

Reconnaissance financière pour tous les exercices

L'accent est par ailleurs mis sur l'exercice libéral. Pour que les 116 800 infirmiers libéraux de France puissent exercer "pleinement leurs compétences", les signataires estiment qu'il est urgent d'engager une étude macro-économique nationale sur le coût comparé de prise en charge des patients par offre de soins. Ils demandent aussi la limitation des pressions administratives et la prise en compte de l'ensemble des compétences infirmières, avec la mise en place de nouvelles attributions, par ailleurs également source d'économies pour la sécurité sociale. Élargissement du droit infirmier à vacciner, suivi des malades chroniques et des personnes âgées en risque de dépendance avec information du médecin traitant sont cités en exemple. Dernière exigence : la reconnaissance financière des exercices infirmiers en adéquation avec leur niveau d'études, de compétences et des responsabilités. Reconnaissance statutaire et indiciaire pour tous, augmentation des compensations financières des contraintes imposées par l'exercice, et enfin révision de la nomenclature générale des actes professionnels sont ainsi prônées.

Clémence Nayrac, Hospimédia du 7 novembre 2016
 

* Les 17 organisations signataires sont : l'Association des enseignants et des écoles d'infirmiers de bloc opératoire (AEEIBO), l'Association nationale des étudiants infirmiers anesthésistes (Aneia), l'Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés et étudiants (Anfiide), l'Association nationale des puéricultrices(eurs) diplômé(e)s et étudiants, le Comité d'entente des écoles d'infirmiers anesthésistes diplômés d'État (CEEIADE), Convergence infirmière, la Coordination nationale infirmière (CNI), la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), la Fédération nationale des infirmiers (FNI), le Syndicat national des infirmiers anesthésistes (Snia), le Syndicat des infirmiers conseillers de santé (SNICS-FSU), le Syndicat national des infirmiers et infirmières éducateurs de la santé (SNIES-Unsa), le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI- CFE-CGC), le Syndicat national des infirmières puéricultrices libérales (Snipuerlib), l'Union nationale des associations d'infirmiers de bloc opératoire (Unaibode) et l'Union nationale des infirmiers diplômés d'État libéraux.